Le bilan provisoire de l’attaque qui a frappé le marché de Noël de Strasbourg mardi 11 décembre est de trois morts, 8 blessés graves et 5 blessés légers. Le gouvernement a porté le niveau du plan « vigipirate » à « urgence attentat ». L’individu est actuellement recherché par les forces de police, qui ont rapidement réagi hier soir. Strasbourg bénéficie d’un dispositif de sécurité renforcé en raison des menaces terroristes qui pèsent sur la ville depuis des années.
Strasbourg est une ville préparée à ce genre d’attaques, avec une forte présence policière permanente : 250 policiers nationaux, une cinquantaine de policiers municipaux et des forces de l’ordre, 160 agents de sécurités privées en plus des dizaines de militaires de l’opération Sentinelle qui patrouillent.
Tous ces effectifs sont mobilisés pour sécuriser le centre piétonnier de Strasbourg, où se déploie en plusieurs endroits le célèbre marché de Noël avec plus de 300 petits chalets. Les ponts qui enjambent la rivière et mènent au centre historique de la ville sont par ailleurs dotés des points de passages tenus par la police, par des agents de sécurité qui procèdent à des fouilles systématiques de sacs, de vestes.
Des plots en béton et des camions sont également placés en travers de la chaussée et des secteurs sont dépavés pour empêcher l’hypothèse de voitures ou camions béliers, comme ça a été le cas par le passé à Nice ou sur le marché de Noël de Berlin.
Strasbourg menacée depuis longtemps
Ce dispositif de sécurité s’explique par les menaces qui pèsent sur Strasbourg depuis des années, et plus précisément depuis l’an 2000 avec le démantèlement d’une cellule d’al-Qaïda il y a presque 18 ans jour pour jour. La « cellule de Francfort », installée dans cette ville allemande à seulement 200 km de Strasbourg, était dirigée par un des lieutenants en Europe d’Oussama Ben Laden.
De nombreux membres de cette cellule étaient proches à l’époque du GSPC algérien, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat. Et l’enquête des policiers allemands et des services de renseignements français avec des indications des services anglais avait permis d’arrêter quatre hommes, quatre jours avant un passage à l’acte prévu la veille de Noël contre les chalets du marché strasbourgeois au pied de la cathédrale.
A l’époque, un autre projet d’attentat aurait aussi visé le Parlement européen. Lors des perquisitions, il y avait environ 20 kilos d’explosifs qui avaient été retrouvés par les policiers.
Le Bas-Rhin, bastion du radicalisme
L’Alsace dans son ensemble est considérée comme un bastion de l’islam radical. Le Bas-Rhin est un des départements qui compte le plus d’individus radicalisés. En juin dernier, le maire de Strasbourg estimait que 10% des fichés S à l’échelle nationale résidaient dans son département.
Foued Mohamed Aggad, un des kamikazes du Bataclan, était originaire d’Alsace. Son frère et plusieurs autres individus ont été récemment jugés et condamnés pour leur participation à une « filière strasbourgeoise » de départs vers la Syrie.
La cathédrale de Strasbourg agit par ailleurs comme un aimant pour le jihadiste. Dans les vidéos récupérées dans les projets d’attentat de 2000, un individu filmait la cathédrale en disant « voici la cathédrale des ennemis de dieu » ou « voici les ennemis de dieu en train de flâner » lorsque la caméra montrait les chalets de Noël.
RFI