Des personnes issues des « gilets jaunes » entendent présenter une liste aux élections européennes de mai 2019. « Le mouvement social citoyen né dans notre pays le 17 novembre 2018 fait apparaître la nécessité de transformer la colère en un projet politique humain, capable d’apporter des réponses aux Français qui soutiennent le mouvement », peut-on lire dans un communiqué du « ralliement d’initiative citoyenne » (RIC) remis à la presse mercredi 23 janvier.
Actuellement, il s’agit d’une dizaine de noms, un embryon de liste transmis aux médias mercredi. Du chef de petite entreprise au cariste, en passant par le juriste, la mère au foyer et le fonctionnaire, ils ont entre 29 et 53 ans, peut-on lire.
A leur tête pour l’instant : la Normande Ingrid Levavasseur, une aide-soignante de 31 ans devenue une figure du mouvement des « gilets jaunes », et qui avait renoncé à devenir chroniqueuse sur BFMTV après avoir reçu des menaces.
Le nom, « ralliement d’initiative citoyenne », a été choisi pour son acronyme, « RIC », qui est le même que pour « référendum d’initiative citoyenne », l’une des mesures phares demandées par le mouvement lancé en novembre.
L’objectif, explique l’un des initiateurs interrogé par l’Agence France-Presse, Hayk Shahinyan, consiste à constituer une liste de 79 candidats d’ici la mi-février, alors que les eurodéputés du Parlement de Strasbourg seront élus le 26 mai.
« On pourrait très bien avoir 79 candidats dès aujourd’hui, mais on a choisi d’ouvrir au participatif. Il y aura une votation interne entre les candidats actuels pour désigner les autres », relate ce dernier, bombardé directeur de campagne.
Hayk Shahinyan, qui ne figure pas sur la liste à l’heure actuelle, précise que l’appel est ouvert à « tous les citoyens ». Le « RIC » est une « coordination issue de différentes initiatives », peut-on par ailleurs lire dans le communiqué.
Pour l’heure, « le programme est en construction »
« Nous, citoyens français, ne voulons plus subir les décisions des instances européennes et les diktats des castes de financiers et de technocrates, qui ont oublié le principal : l’humain, la solidarité et la planète », explique le texte.
Les eurodéputés élus auront « avant tout, la mission de porte-parole des citoyens qui seront consultés tout au long du mandat », ajoute le communiqué. « Le programme est en construction », concède M. Shahinyan à Reuters.
« Nous avons envie justement que ces députés européens éventuels de gilets jaunes ne soient pas des députés d’un parti ou d’un individu, mais qu’ils soient à la disposition des citoyens », ajoute l’ancien membre des jeunesses socialistes.
« Ce sont les citoyens qui décideront ce que nous allons voter au Parlement européen, projet après projet, et nous allons sortir le Parlement européen d’une forme d’opacité dans laquelle il est actuellement », promet-il.
Une liste « gilets jaunes », un danger pour qui ?
Les sondages prêtent un beau potentiel électoral aux gilets jaunes. Des enquêtes portant sur une liste qui serait issue du mouvement – pas précisément cette liste RIC – leur promettent même la troisième place du scrutin derrière le RN et LREM.
Toujours mercredi, l’institut Elabe affirmait qu’une telle liste pourrait obtenir 13% des voix, devant Les Républicains, France insoumise, Europe écologie-Les Verts et le Parti socialiste. La semaine dernière, l’Ifop les créditait de 7,5%.
Le RIC espère que les abstentionnistes se mobiliseront. Mais la présence d’une liste issue de la mobilisation affaiblirait, selon les enquêtes, le Rassemblement national de Marine Le Pen et Debout la France (Nicolas Dupont-Aignan).
Sur CNews, la présidente de l’ex-FN a attaqué Hayk Shahinyan, pointant son passage il y a huit ans au MJS et parlant de « récupération » : « Quand on voit autour de ces listes des anciens militants socialistes, ce danger, il existe. »
Alors que la députée certifie que la présence d’une telle liste ne lui pose « pas de problème », Nicolas Dupont-Aignan a pour sa part souhaité « bonne chance » au RIC sur BFMTV, rappelant qu’il faudrait désormais trouver une ligne politique.
« Je crois qu’au contraire la force des gilets jaunes tenait à leur diversité politique. A partir du moment où ils vont faire une liste il va bien falloir qu’ils clarifient les choses. Rendez-vous aux élections », lance-t-il.
Rfi