Frappes en Syrie: des ratés qui agacent en haut lieu

Que s’est-il passé exactement il y a 15 jours en Méditerranée, quand la France a lancé avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne des frappes ciblées sur des sites chimiques syriens ? Dans un premier temps, l’opération baptisée « Hamilton » a été officiellement présentée comme un grand succès. De fait les cibles visées auraient été atteintes, mais avec moins de missiles que prévu. Depuis deux semaines, de nombreux bruits courent sur une défaillance sur le système de missiles de croisière des frégates FREMM. Le ministère des Armées invoque le secret défense et se mure dans le silence, mais l’affaire agacerait en haut lieu.

La manœuvre de communication avait été bien ficelée. Quelques heures après les frappes survenues dans la nuit du 13  au 14 avril, les armées publient une vidéo ou l’on voit bien des missiles de croisière tirés depuis une frégate française. Le 14 avril en fin d’après-midi, le chef d’état-major des Armées, le général François Lecointre, se félicite de la réussite de l’opération et ne fait en aucune manière allusion à une éventuelle défaillance : « Tous les missiles tirés par la France ont atteint leurs cibles ».

Mais trois jours après, le 17 avril, La Lettre A affirme que la Marine a dû mobiliser trois frégates FREMM et dû s’y reprendre à plusieurs fois pour lancer seulement trois missiles, alors qu’un nombre plus important était prévu. En clair, quelque chose n’aurait pas fonctionné sur ces bateaux tout neufs, équipés de missiles dernier cri que la France compte bien vendre à l’étranger. Le 21 avril, la ministre des Armées Florence Parly se rend à bord de la frégate Languedoc rentrée entre temps à Toulon : « Ce sont des informations classifiées, je vous le dis avec beaucoup de calme, mais beaucoup de fermeté ».

Ce jeudi 26 avril, à Paris, rien de nouveau avec la même réponse de la part du porte-parole adjoint de l’état-major des Armées, le colonel Guillaume Thomas : « Nous ne rentrerons pas dans le détail des conditions d’exécution et de planification de cette mission ».

Si les informations qui ont fuité sont avérées et étaient bien classées secret défense, cela veut dire que quelqu’un de bien placé a décidé de révéler l’affaire. Si c’est le cas, le ministère des Armées pourrait lancer au moins une enquête interne. Joint par RFI, le ministère ne souhaite pas faire de commentaire.

Deuxième hypothèse, toute cette affaire n’est qu’une manipulation de la part d’un groupe ou d’une puissance étrangère. Auquel cas, là encore, une enquête devrait être ouverte pour retrouver l’auteur de cette entreprise de désinformation, mais aucune procédure n’a semble-t-il été lancée en ce sens.

RFI