Fusillade à Utrecht: incertitudes aux Pays-Bas sur les motivations du tireur

Après une journée de chasse à l’homme, le suspect de la fusillade d’Utrecht a été arrêté en fin d’après-midi, lundi 18 mars. De quoi soulager la population néerlandaise, même si les motivations du tireur restent floues au lendemain de l’attaque.

Avec notre bureau de Bruxelles,

Vers 10h45 ce lundi matin, un homme seul a ouvert le feu dans un tramway d’Utrecht, faisant trois morts et cinq blessés dont deux dans un état grave. Son signalement, tiré d’une image de télésurveillance du tramway quelques minutes avant les coups de feu, a été publié par la police à la mi-journée et le suspect a finalement été arrêté lors d’une descente de police vers 17h45 près du centre d’Utrecht.

Même si les autorités néerlandaises continuent à décrire la fusillade d’Utrecht comme une attaque terroriste probable et même si un témoin oculaire affirme avoir entendu le tireur proclamer « Allah Akbar », des doutes subsistent aux Pays-Bas sur les motivations du suspect.

L’assaillant connu de la justice

Né en Turquie il y a 37 ans, Gökmen Taniş aurait des proches affiliés à une secte salafiste extrémiste, mais ses antécédents judiciaires le rangent surtout dans la catégorie des délinquants violents. Depuis une tentative de vol avec effraction il y a sept ans jusqu’à la fusillade d’aujourd’hui, Gökmen Taniş a eu sept fois maille à partir avec la justice, en particulier pour une tentative d’homicide en 2013 ou encore une plainte pour viol cette année. Des témoins le décrivent comme un homme attiré par la drogue et l’alcool.

Différentes thèses se font jour aux Pays-Bas sur ses motivations, dont celle d’un règlement de compte privé. Si la fusillade d’Utrecht devait s’avérer être un acte terroriste, ce serait une première aux Pays-Bas, si l’on excepte l’assassinat au couteau du réalisateur Theo van Goghen 2004.

Soulagement

Les Néerlandais ont appris avec soulagement l’arrestation en fin d’après-midi de Gökmen Taniş. L’événement a suscité une onde de choc dans le pays. « Tous les Pays-Bas vivent cet événement intensément et nous l’exprimerons en mettant en berne les drapeaux sur les bâtiments officiels, j’en ai donné l’instruction, a réagi le Premier ministre batave, Mark Rutte. J’ai dit à plusieurs reprises au cours de cette journée que nous ne changerons pas notre mode de vie, que nous ne reculons pas devant ces horribles événements : notre démocratie est forte et les élections auront lieu. »

Tous les partis ont cependant interrompu leur campagne pour les élections provinciales de jeudi, sauf le très à droite Forum pour la démocratie. Son chef de file, Thierry Baudet, affirme que sans une politique d’immigration plus stricte, ce type d’événement est appelé à se reproduire. « Je pense que nous devons dire  à toutes les personnes victimes de cet événement : “C’en est fini de votre politique de frontières ouvertes et de votre politique totalement naïve, laxiste et aveugle en matière d’intégration” », a-t-il lancé.

 

Rfi