Alors que les commémorations se poursuivent pour honorer la mémoire des victimes de la traite négrière, le Comité marche du 23 Mai 1998 (CM98), une association mémorielle antillaise, continue son combat pour honorer la mémoire des victimes de l’esclavage colonial. Depuis 2006, elle a monté un atelier de généalogie, pour permettre aux Français descendants d’esclaves de découvrir l’origine de leur nom de famille.
Au moment de l’abolition de l’esclavage en 1848 dans les Antilles, les nouveaux libres sont devenus citoyens, et « ces sans noms » obtiennent à nouveau un nom de famille. Anagramme de leur prénom, mois de l’année, sobriquet… Leur nouvelle identité est souvent fonction de l’imagination des officiers d’état civil qui accomplissent cette tâche.
« Les noms donnés à l’infini, en prenant sur les calendriers, les fleurs, les fruits… Il y avait les anagrammes comme Garofi pour Figaro, Mathurin devenait Thuram… », explique Josée Grard responsable de la permanence généalogie du CM98.
Chacun vient ici à l’atelier de généalogie pour retrouver la trace de ses ancêtres mis en esclavage. Un travail initié par le CM98 qui depuis 15 ans a pu mettre en ligne certaines archives.
L’importance de retrouver ses origines
Savoir d’où l’on vient pour se réconcilier son histoire, pour ces descendants d’esclaves retrouver ses origines c’est un pas important. « De les retrouver c’était une émotion parce qu’on ne s’y attend pas. Surtout, parfois, ce sont des noms dont on n’a jamais entendu parler dans la famille, donc quand on les découvre, on se les approprie tout de suite », explique une femme venue faire des recherches. Puis elle ajoute : « C’est important, car ils sont restés trop souvent dans l’oubli. Pour nous, c’est aussi une façon de nous identifier et en parler aux enfants. »
Une autre personne explique que sa démarche « n’est pas partie d’une douleur, mais en prenant conscience de tout ce parcours-là et tout cet héritage, cela peut devenir un peu douloureux et c’est vrai que dans les questions plus d’actualité comme le racisme, les systèmes dans lesquels on vit qui héritent et qui sont fondées de tout ce passé, cela peut être douloureux. »
Cet outil généalogique accessible au grand public a permis de retrouver l’identité de 120 000 personnes mises en esclavage en Guadeloupe et en Martinique.
RFI