«Gilets jaunes»: l’opposition attaque la légitimité du gouvernement

Le Premier ministre Edouard Philippe a défendu ce mardi 11 décembre devant l’Assemblée nationale les mesures déclinées la veille par Emmanuel Macron pour répondre à la colère des « gilets jaunes ». Mais celles-ci n’ont pas calmé l’opposition, dont une partie a déposé une motion de censure contre le gouvernement.

L’ambiance était électrique ce mardi après-midi à l’Assemblée. Dans un hémicycle quasi rempli, Edouard Philippe a été accusé de naviguer à vue, de défendre des mesures annoncées par Emmanuel Macron, que le gouvernement avait d’abord rejetées, telles que la défiscalisation des heures supplémentaires. « Quelle légitimité reste-t-il à votre gouvernement quand vous-mêmes et vos ministres êtes désavoués ? », interroge Jean-Carl Grelier, député Les Républicains.

Assailli de questions, le Prémier ministre Edouard Philippe manque de réponses concrètes. Mais il insiste, façon méthode Coué : « Le président de la République a entendu la colère des Français »; « Quand a-t-on augmenté le SMIC d’un niveau de 100 euros, quand est-ce que ça a été fait récemment ? », demande-t-il, défiant. En réalité, ce n’est pas aussi simple que ça.

Au bout de 40 minutes de séance, le député d’extrême droite Ludovic Pajot a lancé une nouvelle salve : « Combien de temps croyez-vous encore pouvoir tenir avec de tels procédés ? » Attaqué en personne sur sa légitimité politique, le Premier ministre ne s’expose pas et envoie au micro le secrétaire d’Etat Olivier Dussopt. « Le temps qu’il faudra pour réformer ce pays », rétorque ce dernier.

Motion de censure

Fier, le gouvernement doit cependant faire face à une motion de censure que viennent de déposer le Parti communiste, La France insoumise et le Parti socialiste. Cinquante-huit députés en tout qui, face à 350 élus de la majorité présidentielle, n’ont donc aucune chance d’obtenir la majorité absolue pour la démission du gouvernement. « Nous ne sommes pas naïfs, mais nous pensons qu’il est important que l’opposition joue son rôle pour proposer des chemins nouveaux, alternatifs, crédibles. Nous sommes pour une démocratie vivante », fait valoir Boris Vallaud, porte-parole du PS.

L’objectif est donc simplement de provoquer le débat, permettre à chacun d’exposer ses solutions. « Depuis 18 mois, nous avons fait déjà 18 recours au Conseil constitutionnel avec le groupe France insoumise et Gauche démocrate et républicaine. C’est pour nous socialistes la possibilité de faire valoir la voix et les propositions des socialistes », explique Boris Vallaud.

Dans les prochains jours, l’examen de cette motion de censure à l’Assemblée nationale devra permettre à chaque groupe parlementaire de la majorité ou de l’opposition de s’exprimer durant 15 minutes. Et d’obtenir une réponse du Premier ministre Edouard Philippe.

RFI