En Haïti, la contestation contre le président continue. Près de 2 000 personnes ont manifesté jeudi 13 juin dans la capitale pour exiger la démission de Jovenel Moïse, accusé par la Cour supérieure des comptes d’avoir profité de « détournements de fonds », de « collusion » ou encore de « favoritisme ». Le démenti du chef de l’État ne passe pas auprès des jeunes qui veulent vivre dans un État de droit.
Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
Tacitement, il n’est pas permis de manifester devant le palais national en Haïti, les policiers en barrent toujours l’accès et c’était encore le cas ce jeudi.
Donc, les organisations citoyennes ont établi un parcours faisant une boucle autour du bâtiment, avec l’objectif de faire sept fois ce tour au centre-ville.
Mercredi, Jovenel Moïse a assuré aux Haïtiens qu’il n’était « pas impliqué dans la corruption ». Evens Paul, un manifestant de 31 ans, ne veut rien entendre.
« On rejette le discours du président d’un revers de main, confie-t-il. Il faut qu’il donne à la justice les moyens de travailler et il faut qu’il aille répondre aux accusations formulées par la Cour supérieure des comptes. Ça n’est pas au peuple haïtien que le président doit dire qu’il n’est pas corrompu, mais c’est à la justice. »
« Les contrats n’ont pas été exécutés mais l’argent a été dépensé »
Pour Mehdi Garlet, comme pour tous les manifestants croisés à Port-au-Prince jeudi, la démission de Jovenel Moïse est devenue indispensable.
« On n’est pas dans une perspective comme si c’était un acharnement politique, on a un problème politique avec lui, explique-t-il. En tant que président, il doit être au-dessus de tout soupçon, mais dans le deuxième rapport de la Cour des comptes, son nom est impliqué comme étant une personne qui a reçu de l’argent ; les contrats n’ont pas été exécutés mais l’argent a été dépensé. »
Les manifestants ont tourné pendant des heures dans les rues autour du palais présidentiel sans incident majeur au cours de cette journée de mobilisation.
Mais par la suite, plusieurs groupes de jeunes hommes ont causé des dégâts matériels dans des quartiers périphériques à la place du Champ-de-Mars.
rfi