Hong Kong: la police utilise des canons à eau, un signe d’escalade

Une nouvelle manifestation violente s’est déroulée ce dimanche 25 août à Hong Kong dans le quartier de Tsuen Wan dans le nord de la capitale. Des milliers de manifestants ont défilé sous une pluie battante pour réclamer le maintien de la démocratie dans le territoire semi-autonome chinois. Comme hier, samedi, une manifestation pacifique s’est muée en affrontement avec la police anti-émeute. La situation a dégénéré et la police a eu recours à des canons à eau.

C’est un geste considéré comme une escalade à Hong Kong : la police a utilisé des canons à eau contre des manifestants radicaux, une première dans l’ex-colonie britannique secouée par des manifestations pro-démocratie.

Le territoire semi-autonome, un des grands centres financiers mondiaux, connaît depuis juin sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997. Né de l’opposition à un projet de loi – désormais suspendu – visant à autoriser les extraditions vers la Chine continentale, le mouvement a mué en une campagne plus globale pour davantage de démocratie et la protection des libertés locales face à Pékin.

Des milliers de Hongkongais ont encore défilé dimanche dans le calme, sous une pluie battante, vers le quartier de Tsuen Wan. Mais des protestataires radicaux ont ensuite érigé une barricade et lancé pavés et cocktails Molotov en direction des policiers. Des insultes également.

Après avoir tiré des gaz lacrymogènes qui n’ont pas eu l’effet escompté, la police antiémeute a utilisé des canons à eau contre les manifestants. Un signe d’escalade, les forces de l’ordre ayant jusqu’à présent toujours affirmé ne vouloir utiliser cette technique de dispersion qu’en cas de « perturbation à grande échelle de l’ordre public ».

Courants en Occident, ils constituent une grande nouveauté à Hong Kong où ils n’avaient jusqu’ici pas été employés contre des manifestants. La population est de ce fait très sensible à leur utilisation.

Plusieurs dizaines d’arrestations ont été recensées par les médias locaux. Quelques blessés légers aussi sont à déplorer y compris du côté de la police, rapporte notre envoyée spéciale à Hong Kong, Aabla Jounaîdi.

Un policier dégaine son arme

Certains membres des forces de l’ordre ont pour la première fois depuis le début du mouvement dégainé leur pistolet de service et  l’ont braqué en direction de la foule.

Dépassé par les manifestants, poursuivi dans la rue, forcé de reculer. Au moins un policier a dégainé son arme de service et tiré en l’air pour se dégager. C’est ce que l’on voit sur les photos des agences de presse. Un officier en uniforme qui braque la foule. Et qui hurle, pas loin de la panique.

Le doigt n’est pas sur la gâchette, mais le pistolet est bel et bien tenu à hauteur d’homme. Son matricule bien visible sur les images, 184 74. Ce numéro d’identification devrait permettre d’éclaircir les circonstances de cet affrontement qui aurait pu très mal tourner. La manifestation de dimanche avait pourtant commencé dans le calme et une ambiance familiale. L’atmosphère a changé en fin d’après-midi. Barricades, briques et cocktails molotov lancés contre les forces de l’ordre.

Avec une réponse inédite depuis le début du mouvement. Pour la première fois, les canons à eau ont été utilisés. Les autorités de Hong Kong avaient toujours dit que cet outil ne servirait qu’en cas de perturbation à grande échelle de l’ordre public.

Un policier hongkongais dégaine son arme face aux manifestants, le 25 août 2019.REUTERS/Tyrone Siu