La Corée du Sud prête à être plus ferme avec son voisin du Nord

La Corée du Sud prête à être plus ferme avec son voisin du Nord

La capitale sud-coréenne a vu son voisin nord-coréen effectuer un nouvel essai de missile balistique, le 7 mai dernier. Il s’agit de la quinzième démonstration de force du régime depuis le début de l’année et la deuxième en moins d’une semaine. Après l’échec des négociations entre Donald Trump et Kim Jong-un en 2019, la Corée du Nord a repris sa rhétorique offensive et les différentes provocations qui l’accompagnent. Celles-ci semblent s’intensifier à l’approche de l’investiture du nouveau président sud-coréen ce mardi 10 mai.

De notre correspondant à Séoul, Nicolas Rocca

Depuis le temps, et au rythme auquel la Corée du Nord teste son arsenal de missiles balistiques, une certaine lassitude s’est installée chez les Sud-Coréens face aux images de missiles ou de Kim Jong-un qui passent sur les écrans de télévision.

Toutefois, selon le type de missile, le ressenti n’est pas le même. En mars dernier, quand Pyongyang a mis fin à son moratoire auto-imposée depuis 2017 sur les essais de missiles balistiques intercontinentaux, l’impact avait été différent. Surtout que le régime avait affirmé qu’il s’agissait du Hwasong 17, surnommé le « missile monstre ». Washington et Séoul ont ensuite démenti l’information.

La perspective de la reprise des essais nucléaires nord-coréens après cinq ans d’interruption pourrait changer la donne. Il semblerait que les tunnels du site de Puggye-ri où avait eu lieu le dernier test nucléaire soient en reconstruction et le département d’État américain a affirmé que ce qui serait le septième essai nucléaire nord-coréen pourrait avoir lieu dès le mois de mai, ce qui risque de poser un défi à Yoon Suk-yeol, le nouveau président sud-coréen.

Monter le ton
Le nouveau président sud-coréen souhaite être plus ferme et s’opposer à tout ce qu’a fait Moon Jae-in. Durant son mandat, le démocrate avait pris quelques distances avec Washington, notamment pour ne pas trop contrarier Pékin. Il s’abstenait de condamner chaque déclaration de Kim Jong-un ou chaque essai afin de garder une porte ouverte à la négociation.

Avant même sa prise de fonction, son successeur conservateur, Yoon Suk-yeol a qualifié la Corée du Nord de « principal ennemi » et également évoqué la possibilité de « frappes préventives » en cas de menace imminente. Une rhétorique offensive assez porteuse dans l’opinion publique. Alors que le soutien vers l’unification faiblit peu à peu depuis deux décennies en Corée du Sud, la ligne dure promue par le conservateur durant la campagne a contribué à son élection.

Des essais à répétition qui durcissent les positions
Les récentes déclarations offensives de la Corée du Nord, la reprise des essais intercontinentaux couplés à la situation ukrainienne ont contribué à relancer le débat autour d’un possible armement nucléaire de la Corée du Sud. En février dernier, un sondage de l’ONG Chicago Council on Global Affairs montrait que 71% des Sud-Coréens interrogés soutenaient la nécessité pour le pays de posséder des armes nucléaires.

Depuis 1991 et le retrait des missiles nucléaires tactiques américains de la péninsule, c’est un serpent de mer qui revient souvent dans le débat public, mais on imagine mal les États-Unis accepter que son allié développe des missiles nucléaires en rupture du traité de non-prolifération.

En revanche, Séoul continue d’investir massivement dans des armes conventionnelles. Le budget de défense de près de 50 milliards de dollars, qui pèse pour 2,8% du PIB, devrait grimper encore en 2022. Une tendance à la hausse que ne devrait pas enrayer Yoon Suk-yeol, qui a promis de doter son pays d’une armée forte pour faire face à l’encombrant voisin nord-coréen.

rfi