La crise sanitaire liée au nouveau coronavirus «va se poursuivre encore pendant de nombreux mois» sur le continent africain où le nombre de cas «continuent de progresser», a relevé mercredi l’Agence française de développement (AFD), appelant à la «prudence».
«Si l’épidémie n’a pas explosé en Afrique et si la catastrophe sanitaire que certains annonçaient n’a pas eu lieu, il convient toutefois d’être très prudent car beaucoup de pays font face aujourd’hui à une transmission communautaire qui est très active et le nombre de cas continue de progresser», a déclaré Christophe Paquet, directeur de la division Santé et protection sociale de l’AFD.
Il s’exprimait lors d’un point de presse en visioconférence sur le bilan de l’action de l’AFD en réponse aux crises sanitaire et économique engendrées par l’épidémie de Covid-19 en Afrique. «On espère que l’Afrique va atteindre un plateau, mais pour l’instant on est toujours sur une dynamique de l’épidémie et on peut anticiper une crise sanitaire qui va se poursuivre encore pendant de nombreux mois», a-t-il dit.
Intervenant également dans ce point presse, la Camerounaise Vera Songwe, secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, a cité les «pays qui nous préoccupent» le plus, soit «les dix pays avec 86% des cas» à l’échelle du continent: l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Ghana, l’Algérie, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Kenya, le Sénégal, la République démocratique du Congo et l’Éthiopie. Elle a également cité, parmi les pays préoccupants, la Tanzanie, la Guinée équatoriale et le Burundi, pour lesquels «nous n’avons pas suffisamment d’informations» sur l’état de l’épidémie.
500.000 cas
L’Afrique est – après l’Océanie – le continent le moins touché par la pandémie, avec près de 500.000 cas, dont près de 11.700 morts, selon un décompte de l’AFP au 7 juillet. Début avril, l’AFD s’était engagée, avec l’initiative «Covid-19 – Santé en commun», à mobiliser 1,2 milliard d’euros d’ici à septembre 2020.
«Trois mois après son lancement, l’initiative a déjà permis de financer 29 projets en réponse à la pandémie, répartis dans 23 pays africains, pour un total de 512 millions d’euros, dont 57 millions d’euros de dons et 455 millions d’euros sous forme de prêts à des États et des banques publiques de développement partenaires de l’AFD», indique un communiqué de presse de l’agence.
La maladie de «Covid aujourd’hui est un petit peu l’arbre qui cache la forêt de l’état sanitaire de l’Afrique et il y a bien d’autres problèmes prioritaires», a estimé Christophe Paquet en citant les maladies infectieuses et les maladies chroniques (diabète, maladies cardiovasculaires, cancers) «qui sont de plus en plus fréquentes en Afrique».