La presse italienne se fait largement l’écho de la brouille Paris-Rome

Au lendemain du rappel de l’ambassadeur de France en Italie, la presse transalpine se fait largement l’écho ce matin de la crise diplomatique entre Rome et Paris.

Avec notre correspondant en Italie,Eric Senanque

« Rupture totale » résume le quotidien La Repubblica affichant en photo en noir et blanc Emmanuel Macron entouré de Luigi Di Maio et Matteo Salvini dans des gestes où ils semblent en venir aux mains… Le quotidien de centre gauche rappelle aussi l’appel à la responsabilité lancé par le président italien Sergio Matarella, très préoccupé par cette crise diplomatique.

Il Foglio, quotidien milanais très anti-gouvernement a choisi un langage fleuri : « Macron rompt les relations diplomatiques, Merde alors ! (en français dans le texte) à ce pays qui en six mois s’est révélé… être un pays de merde ». Mais la presse transalpine n’est pas tendre non plus avec le président français… « Macron contre l’Italie, mais il oublie ses insultes » titre Il Fatto Quottidiano plutôt populiste.

« Quasi Amici»

Le très à droite journal La Verita explique que le chef de l’Etat français devait « se trouver un ennemi extérieur pour parer les coups » et affiche en gros titre un vengeur : « Macron désespéré déclare la guerre à l’Italie ». « Quasi Amici », « presque amis », titre pour sa part avec plus de nuances l’Avvenire, le quotidien des évêques italiens.

Enfin le Corriere Della Sera sur son site internet se fait l’écho des inquiétudes de la diplomatie italienne… elle est « submergée ». La Farnesina, le ministère des Affaires étrangères, écrit le premier quotidien du pays qui a été incapable d’endiguer une crise qui couvait et qui est rugueuse et qui a des relents électoraux.

Pour moi, rappeler un ambassadeur, c’est un signe de faiblesse politique…
[Reportage] La brouille franco-italienne vue de Rome, par Eric Senanque08/02/2019 – par RFI Écouter

Des Européens inquiets et étonnés

Les milieux européens sont stupéfaits par le degré d’allégresse du piétinement par les Italiens des conventions les plus élémentaires en matière de relations internationales, écrit notre bureau de Bruxelles, avec cette circonstance aggravante que cette mauvaise querelle met aux prises deux Etats membres fondateurs en 1952 de ce qui est aujourd’hui l’Union européenne (UE).

Ainsi, la crise migratoire, expliquée par Rome comme étant la conséquence d’une supposée politique postcoloniale de la part de la France en Afrique, avait déjà surpris ici. Mais la venue non annoncée en France d’un vice-Premier ministre italien, en l’occurrence Luigi Di Maio, pour encourager directement les « gilets jaunes » à s’opposer au gouvernement français, a provoqué l’incrédulité, beaucoup ici croyant initialement à de la désinformation.

Dans le passé, il est parfois arrivé que de sérieuses tensions surgissent entre pays membres de l’UE, notamment entre le Royaume-Uni et l’Espagne autour du statut de Gibraltar, ou encore entre l’Irlande et le Royaume-Uni qui demandait le soutien collectif de l’UE lors de l’invasion argentine de l’archipel des Malouines, soutien que Dublin avait refusé. Mais un tel niveau de provocation n’a jamais encore été atteint, en attendant, ici, les explications que pourra fournir le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, attendu la semaine prochaine au Parlement européen.

 

Rfi