Greta Thunberg a reçu dimanche 21 février le prix Liberté 2019 à Caen dans le nord-ouest de la France. Elle sera ce mardi à l’Assemblée nationale pour une rencontre transpartisane, ouverte à tous les députés. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la venue de la jeune Suédoise de 16 ans, porte-voix de la lutte contre le changement climatique, ne laisse pas la classe politique indifférente.
Invitée par le collectif de 162 parlementaires français « Accélérons », Greta Thunberg devrait débattre une partie de l’après-midi, ce mardi 22 juillet, de l’urgence du changement climatique. À ses côtés, pas moins de 150 parlementaires de tous horizons, la vice-présidente du Giec, Valérie Masson-Delmotte ou encore 40 jeunes françaises et français.
La jeune militante ne prendra pas la parole dans l’hémicycle, mais dans une salle située dans les sous-sols de l’Assemblée. Elle échangera ensuite avec plusieurs jeunes avant d’assister, un peu plus tard dans la journée, en tribune, aux questions au gouvernement, sans y prendre part.
Mais cette visite à l’Assemblée nationale ne semble pas faire l’unanimité au sein des parlementaires. Certains ont même appelé à boycotter l’événement, en raison des discours trop angoissants et alarmistes de Greta Thunberg. « Pour lutter contre le réchauffement, nous n’avons pas besoin de gourous apocalyptiques, mais de progrès scientifiques », a ainsi tweeté le député Les Républicains Guillaume Larrivé.
« On exploite cette enfant en se donnant bonne conscience sur ces questions. Ce n’est pas une petite qui a arrêté l’école qui peut venir donner des leçons aux adultes. Je pense que cela décrédibilise le message. Je préférerais qu’on discute avec des scientifiques, avec des personnes qui ont des solutions », regrette Valérie Boyer, députée des Bouches-du-Rhône, secrétaire générale adjointe de Les Républicains.
Sur son compte Twitter la députée Valérie Boyer s’insurge sur le fait que la « jeune activiste déscolarisée » soit invitée à l’Assemblée nationale pour un colloque sur l’écologie le jour même où le gouvernement présente au vote le projet de loi de ratification du traité Ceta de libre-échange entre l’UE et le Canada.
Pour Guillaume Larrivé, candidat à la présidence des Républicains, Greta Thunberg est un « gourou apocalyptique ». Julien Aubert, lui aussi candidat, la qualifie même de «prix Nobel de la peur».
De son côté, le député proche des écologistes Matthieu Orphelin, à l’origine de la venue de Greta Thunberg s’exaspère que sa visite puisse faire polémique. « Ils auraient mieux fait de lire le programme », dit-il. Le député tendance écolo explique que Greta Thunberg ne parlera pas seule. À ses côtés, 4 jeunes Français engagés pour l’environnement et la vice-présidente du Giec, groupe d’experts sur le climat. Il dénonce une polémique déplacée et un calcul politique: « C’est tout, sauf la présentation caricaturale donnée par ces quelques députés de droite, qui je crois, sont en campagne électorale. Mais vraiment, je trouve cela vraiment déplacé, tellement loin des enjeux ! Le climat mérite mieux que cela ».
Des députés du groupe Les Républicains seront quand même présents et pour les plus hostiles, Matthieu Orphelin maintient l’invitation : « Ils seront les bienvenus, dit-il, la nuit porte conseil ».
La majorité apparaît divisée sur le sujet. Gabriel Attal, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, s’insurge sur Twitter contre les critiques sur la venue de Greta Thunberg à l’Assemblée nationale.
« Faire la grève de l’école, quel triste symbole », selon le député LaREM de Paris Sylvain Maillard qui s’est dit « extrêmement mal à l’aise devant la construction iconique à l’encontre d’une réflexion scientifique ».
« On ne me forcera pas à aller m’agenouiller, à aller applaudir la Justin Bieber de l’écologie, une espèce de créature médiatique qui va énoncer des banalités », a critiqué lundi le député RN Sébastien Chenu sur BFMTV, tout en précisant ne pas être « climato-sceptique ».
À écouter aussi: Laurent Jacobelli, porte-parole du Rassemblement national, invité de RFI est très critique sur l »invitation de Greta Thunberg par les parlementaires français.
Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure et la présidente de Génération écologie Delphine Batho ont critiqué ce lundi l’attitude des députés LR et RN opposés à la venue de l’égérie suédoise.
Rfi