Un premier Boeing est sorti des usines chinoises ce week-end. L’avionneur américain a livré samedi à la compagnie Air China un 737 Max dont les dernières retouches ont été réalisées sur place à Zhoushan dans l’est du pays, dans la province du Zhejiang, le premier centre de finition de Boeing à l’étranger.
Les employés de l’usine de Zhoushan ont sorti les téléphones portables pour immortaliser l’instant. Clic, clac. Le biréacteur blanc aux caractères noirs Air China sur le fuselage est le premier appareil terminé par l’avionneur américain sur le sol chinois dans une usine promise au président Xi Jinping lors de sa visite aux Etats-Unis en 2015.
En partenariat avec l’entreprise chinoise d’Etat Comac (Commercial Aircraft Corporation of China), Boeing réalise ici les finitions intérieures de ses 737 (sièges, équipements de divertissements, toilettes, et chauffe-plats), mais pour le reste tout est encore made in USA. Les trois hangars réservés à la peinture des carlingues aux couleurs des compagnies chinoises n’étant pas encore opérationnels.
Avec son centre d’aménagement de Zhoushan au sud-est de Shanghai, Boeing a une stratégie moins volontariste qu’Airbus et son usine d’assemblage finale des A320 à Tianjin à l’Est de Pékin.
Un marché de 7 500 avions dans les 20 ans à venir
Pour les deux constructeurs, l’objectif est bien le même : rester au plus près de leurs meilleurs clients, à savoir les compagnies chinoises. Le deuxième marché aéronautique mondial aura en effet besoin, selon les spécialistes, de plus de 7 500 avions commerciaux dans les 20 prochaines années.
Un Boeing 737 sur quatre est destiné au marché chinois, et dans le contexte des tensions commerciales entre Washington et Pékin, l’avionneur américain a plutôt intérêt à soigner ses arguments de vente s’il veut continuer à déployer ses ailes en Chine.
Le centre de Zhoushan en fait partie. Après le 737 Max d’Air China sorti ce week-end, l’avionneur américain espère aménager une centaine d’appareils par an depuis la côte est de la Chine. Contrairement à son rival européen, Boeing continue de résister à la demande chinoise d’installer une usine d’assemblage finale du type de celle d’Airbus à Tianjin.
Mais les hangars de finition de Zhoushan apparaissent comme une première concession. Car si pour l’instant, la Chine a équilibré ses commandes entre les deux constructeurs aéronautiques, avec la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump les choses pourraient changer. Boeing a ainsi livré son 2 000e appareil à un opérateur chinois le 30 novembre dernier, un 737 Max à la Xiamen Airlines. Cet exploitant exclusif des avions américains depuis trois décennies vient d’entamer des pourparlers avec Airbus.
rfi