Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un s’est bien rendu à Pékin pour une visite d’une durée de 24 heures, ce que confirment ce 28 mars la presse nord-coréenne et les médias chinois. L’arrivée d’un mystérieux train blindé nord-coréen dans la capitale chinoise avait soulevé de nombreuses spéculations depuis la veille. Selon la presse officielle chinoise, Kim Jong-un a confirmé auprès du président chinois Xi Jinping sa volonté d’organiser un sommet avec le président américain Donald Trump. Il aurait aussi déclaré que « la question de la dénucléarisation de la péninsule pouvait être résolue ».
Coup de théâtre à Pékin : le dictateur nord-coréen Kim Jong-un a bel et bien visité la Chine. Après maintes spéculations sur un mystérieux train arrivé le 27 mars dans la capitale, les autorités chinoises ont enfin dévoilé le lendemain matin que le leader nord-coréen, « ami du peuple chinois » s’était entretenu avec le président Xi Jinping. D’après Heike Schmidt, notre correspondante à Pékin, la confirmation est venue via une dépêche de l’agence de presse d’Etat Chine Nouvelle et des images diffusées par la télévision d’Etat.
La présentatrice de la CCTV a lu pendant treize longues minutes le communiqué officiel confirmant cette visite-surprise de Kim Jong-un avec en fond les images de Xi Jinping et de Kim Jong-un qui se serrent chaleureusement la main devant les drapeaux nord-coréen et chinois, dans le somptueux Palais du peuple.
« Nous avons toujours été engagés en faveur de la dénucléarisation », a souligné Kim Jong-un, vêtu d’un costume Mao. Celui qui a menacé d’attaquer les Etats-Unis se dit aujourd’hui prêt à dialoguer avec les Américains et à tenir un sommet entre les deux pays. « La dénucléarisation de la péninsule coréenne peut aboutir si la Corée du Sud et les Etats-Unis répondent avec bonne volonté à nos efforts », a-t-il déclaré.
Sa première rencontre avec Xi Jinping doit faciliter la paix « en ce printemps plein de bonheur et d’espoir », a également assuré le tonitruant voisin de la Chine qui avait exaspéré Pékin avec ses déclarations guerrières.
« La Chine appelle toutes les parties à améliorer les relations intercoréennes et à faciliter les pourparlers de paix », a répondu Xi Jinping, visiblement content de remettre son pays, quelque peu mis à l’écart, dans le jeu politique. L’homme fort de Pékin assure que son pays jouera « un rôle constructif » et misera sur « le dialogue et la consultation » pour résoudre la crise sur la péninsule coréenne.
Sortir de l’isolement diplomatique
Kim Jong-un sortait des frontières de son pays et rencontrait un chef d’Etat étranger pour la toute première fois depuis son accession au pouvoir fin 2011, note Frédéric Ojardias, notre correspondant à Séoul. Ce tête à tête avec Xi Jinping lui a permis tout de se coordonner avec son principal allié et de le rassurer, avant les sommets cruciaux prévus avec le président sud-coréen et surtout avec le président américain Donald Trump.
En se rendant à Pékin, Kim Jong-un montre qu’en dépit des sanctions, il n’est pas si isolé diplomatiquement, ce qui lui permet d’aborder ces futurs sommets dans une meilleure position de négociation. Le dirigeant nord-coréen a peut-être aussi cherché des garanties de sécurité de la part de Pékin, alors que les Etats-Unis continuent de considérer l’option militaire pour résoudre la crise nucléaire.
Les relations entre les deux alliés s’étaient beaucoup dégradées depuis que la Chine applique avec rigueur les sanctions internationales visant à obliger la Corée du Nord à renoncer au nucléaire. Alors que les pourparlers de dénucléarisation approchent et que les sanctions frappent durement son économie, le régime nord-coréen a plus que jamais besoin de se réconcilier avec son « grand frère » chinois.
Kim Jong-un a même invité Xi Jinping à se rendre à Pyongyang, une invitation que ce dernier a acceptée. Si le jeune dictateur s’est enfin donné la peine de venir jusqu’à Pékin, c’est parce qu’il n’a plus d’autres choix.
« Il joue sa dernière carte, afin de s’assurer du soutien de Pékin, estime le politologue indépendant Hua Po au micro de RFI. Au cas où les négociations avec Washington et Séoul échouent, il veut que les Chinois interviennent. Kim garde toujours en tête la fin du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Il sait bien que s’il est livré aux Américains, une fin aussi tragique l’attendra ».
Par ailleurs, 90% du commerce nord-coréen passent par la Chine. Sans elle, le régime se serait déjà écroulé, estime Hua Po : « La Corée du Nord n’est rien sans la Chine, et seule la Chine à la capacité de la protéger. Kim a besoin de son soutien économique et militaire ».
Sortir enfin de son isolement et se rapprocher de la Chine était donc crucial pour Kim Jong-un, à l’approche de négociations avec la Corée du Sud et les Etats-Unis qui s’annoncent difficiles.
RFI