Reportées à plusieurs reprises, les consultations parlementaires en vue de la formation d’un nouveau gouvernement doivent débuter ce jeudi 19 décembre au Liban. Le Premier ministre démissionnaire Saad Hariri assure qu’il n’est pas candidat à sa propre succession. Ces derniers jours, des violences ont marqué les rassemblements à Beyrouth.
À Beyrouth, des mesures de sécurité renforcées sont visibles depuis ce mercredi 18 décembre autour des places où se déroule la contestation qui agite le pays depuis plus de deux mois. Ces dernières nuits, des violences ont éclaté dans la capitale libanaise. Des dizaines de personnes ont été blessées dans des échauffourées dont les protagonistes ont varié.
Des heurts ont opposé des contestataires mobilisés depuis le 17 octobre et les forces de l’ordre. D’autres accrochages ont eu lieu entre manifestants et contre-manifestants, généralement identifiés comme sympathisants du Hezbollah chiite. par ailleurs, des affrontements ont été signalés entre ces contre-manifestants et les forces de l’ordre.
Gouvernement d’experts
C’est dans ce contexte que les consultations parlementaires pour former une nouvelle équipe doivent commencer ce jeudi 19 décembre, suite à la démission du gouvernement sous la pression de la rue le 29 octobre dernier. Ces consultations ont été annoncées puis reportées à plusieurs reprises.
Ce mercredi, le Premier ministre démissionnaire Saad Hariri a déclaré qu’il n’était pas candidat à sa propre succession. Il l’avait déjà dit ces dernières semaines mais les tractations en coulisses avaient continué à tourner autour de son nom. « Je me suis efforcé de répondre aux demandes pour un gouvernement d’experts, que je vois comme la seule solution pour répondre à la crise économique et sociale que notre pays affronte », a assuré Saad Hariri.
Plusieurs noms circulent
En dépit de ce désistement d’Hariri, la date des consultations parlementaires est maintenue par le chef de l’État Michel Aoun, rapporte notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh. L’incertitude entoure donc ce rendez-vous constitutionnel contraignant pour choisir un Premier ministre.
Cependant, d’autres noms commencent à circuler, comme celui du député de Beyrouth, Fouad Makhzoumi. Cet homme d’affaires a réussi à arracher ce mercredi un soutien indirect de la plus haute instance religieuse sunnite du pays. Le nom de l’ancien ambassadeur du Liban aux Nations unies, Nawaf Salam, a également été avancé par plusieurs députés qui avaient déjà annoncé leur intention de proposer son nom. Mais le Hezbollah et le mouvement Amal, les deux principaux partis chiites, estiment que cette personnalité est trop proche des États-Unis.
Selon la répartition des pouvoirs au Liban, le Premier ministre doit être sunnite, le président chrétien et le président du Parlement chiite. Mais c’est cette logique confessionnelle qui est rejetée par les manifestants depuis le 17 octobre, et c’est ce qui aboutit à l’impasse politique.
Le pays s’enfonce dans la crise
Alors que les problèmes économiques du Liban sont à l’origine de la colère qui dure depuis deux mois, le pays s’enfonce dans la crise. Licenciements, réduction de salaires, fermetures de commerces et de restaurants, pénurie de liquidité… les signaux sont inquiétants. La Banque mondiale prévoit une récession pour 2019 (au minimum de -0,2 %). La dette publique libanaise culmine à plus de 87 milliards de dollars, soit 150 % du PIB, l’un des taux les plus élevés au monde. Les craintes d’un défaut de paiement sont de plus en plus vives.
Une réunion du Groupe international de soutien au Liban a eu lieu à Paris le 11 décembre dernier. Les États-Unis, la Russie, la Chine, plusieurs pays européens dont la France et des pays arabes étaient représentés. Avec à l’arrivée un message clair adressé aux autorités libanaises : la situation est grave et toute aide financière est conditionnée à la mise en place d’un gouvernement « efficace et crédible », et à des réformes « d’urgence ».
rfi