Le Sri Lanka rend hommage aux centaines de victimes des attentats de Pâques

Le Sri Lanka a décrété une journée de deuil national et a respecté trois minutes de silence à 8h30, heure locale, 48h exactement après la première explosion à l’église Saint Antoine de Colombo. Le bilan des attentats du dimanche de Pâques est aujourd’hui de 310 morts et 500 blessés. Pour l’heure, les regards sont tournés vers un groupuscule islamiste qui aurait organisé ces attentats.

Le Sri Lanka rendait ce mardi un hommage poignant aux 310 morts et 500 blessés des attentats-suicides du dimanche de Pâques, les plus meurtrières attaques islamistes en Asie du Sud, qui ont entraîné la déclaration de l’état d’urgence.

L’île de 21 millions d’habitants est restée silencieuse durant trois minutes à 08h30 locale, heure de la première explosion de bombe de kamikaze deux jours auparavant, à l’église catholique Saint-Antoine de Colombo.

Une journée de deuil national

Le gouvernement a décrété une journée de deuil national. Les magasins vendant de l’alcool sont fermés, les drapeaux sont en berne et les radios et télévisions doivent adapter leur programmation musicale.

À l’église Saint-Antoine, des dizaines de personnes ont prié en silence, des bougies à la main, certaines retenant à grand peine leurs larmes. À l’issue des trois minutes de silence, la foule a entamé une prière à voix haute.

À une trentaine de kilomètres plus au nord, dans la localité de Negombo, une messe commémorative se déroulait également dans la matinée à l’église Saint-Sébastien, autre lieu d’un attentat-suicide visant la minorité chrétienne. Des cercueils étaient amenés à tour de rôle sur des tables, devant des proches secoués de sanglots. « Il y a tant de corps que nous ne pouvons pas les présenter tous en même temps », a expliqué à l’AFP Anthony Jayakody, évêque auxiliaire de Colombo qui célébrait la messe.

Les gens n’ont pas peur, au contraire. L’heure est plutôt au recueillement.

Olivier Duflot, guide touristique installé au Sri Lanka23/04/2019 – par Oriane Verdier

40 personnes interpellées

Dans le même temps, le Sri Lanka poursuit sa traque des responsables des attentats, imputés par les autorités à un groupe islamiste jusqu’ici peu connu, le National Thowheeth Jama’ath (NTJ). L’état d’urgence est entré en vigueur ce lundi à minuit pour donner une plus grande latitude aux forces de sécurité. Une première depuis la fin de la guerre civile en 2009, rappelle notre envoyé spécial à Colombo, Antoine Guinard.

La police locale a procédé à de nouvelles arrestations, portant à 40 le nombre de personnes interpellées. Le bilan humain est lui passé de 290 à 310 morts après que des blessés ont succombé à leurs blessures.

Trente-neuf étrangers ont péri dans ces attaques, a indiqué un haut responsable de la police à l’AFP. Une personne de nationalité française figurerait parmi les victimes, rapporte Antoine Guinard, mais l’information n’a pas encore été confirmée par Paris.

Crise au sommet de l’État

Les enquêteurs cherchent à déterminer si le NTJ a pu bénéficier d’un soutien logistique étranger. Le principal fait d’armes de ce mouvement jusqu’ici était la dégradation de statues bouddhiques en décembre dernier.

Le porte-parole du gouvernement sri-lankais, Rajitha Senaratne, a indiqué avoir « du mal à voir comment une petite organisation dans ce pays peut faire tout cela ». « Nous enquêtons sur une éventuelle aide étrangère et leurs autres liens, comment ils forment des kamikazes, comment ils ont produit ces bombes », a-t-il déclaré à l’AFP.

L’organisation avait fait il y a dix jours l’objet d’une alerte diffusée aux services de police, selon laquelle elle préparait des attentats-suicides contre des églises et l’ambassade d’Inde à Colombo. D’après Rajitha Senaratne, cette alerte n’avait pas été transmise au Premier ministre Ranil Wickremesinghe ou à d’autres ministres de haut rang. Un élément qui pourrait relancer la crise au sommet de l’État sri-lankais.

La police est en effet de la juridiction du président Maithripala Sirisena, qui est en conflit ouvert avec son chef de gouvernement. Il l’avait limogé à l’automne mais avait été forcé de le réinvestir après sept semaines de chaos politique. Les deux têtes de l’exécutif se vouent une animosité réciproque.

Rfi