La Cour des comptes a dévoilé ce mercredi 7 février son rapport annuel. Il distribue les bons et les mauvais points de l’utilisation de l’argent public en France. Où est-il gaspillé ? Quelles sont les améliorations ? Le gendarme de la rue Cambon salue la réduction des déficits, tout en réclamant la poursuite de réformes indispensables au rétablissement budgétaire.
Dans le prestigieux Palais Cambon situé à deux pas de l’Elysée, les magistrats financiers emmenés par Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, adressent un message qui pourra être diversement apprécié. Dans ce rapport de près de 1 300 pages et 98 recommandations, il est avant tout question de l’état général des finances publiques. Et sur ce point, il y a un léger mieux.
Certes le déficit de la France devrait passer en dessous de la barre des 3% du produit intérieur brut, certes elle devrait échapper à la procédure européenne pour déficit excessif dans laquelle elle était engluée depuis près de 10 ans. Mais Paris reste en retard par rapport à plusieurs de ses voisins, et la dette publique ne fait que se stabiliser, alors qu’elle a plutôt tendance à refluer en Europe.
« Si nous repassons sous le seuil des 3 %, c’est en partie grâce à l’amélioration des recettes fiscales liées à la croissance, explique Raoul Briet, président de la Première chambre de la Cour des Comptes. Notre situation s’améliore, elle reste fragile. Et elle ne dispense pas du tout de la poursuite d’efforts pour avoir une dépense publique plus efficace. Ce qui permettra le moment venu de faire face à des ralentissements économiques qui risquent d’arriver dans un horizon plus ou moins proche. » C’est bien là l’idée forte de ce rapport remis aux parlementaires depuis 1832 : « aucun relâchement n’est possible ».
L’avenir de Balard
D’autant qu’il y a d’autres motifs d’inquiétude budgétaire, comme le projet Balard (regroupement à la limite sud de Paris de l’administration centrale du ministère des Armées) mené grâce à un partenariat public-privé et dont le financement à long terme ne serait pas assuré.
« On va payer des loyers pendant de très longues années », note Jean-Philippe Vachia, président de la Quatrième chambre, chargé des questions de Défense et de sécurité. « Le plan défini au préalable ne va pas être complètement bouclé, les économies qui devaient être faites ne sont pas au rendez-vous. Il y a aussi la crainte que des travaux supplémentaires occasionnent des coûts qui ne sont pas suffisamment contrôlés. Le ministère des Armées doit renforcer son pilotage. »
Des vigiles à surveiller ?
Au total, une vingtaine de points noirs sont abordés. Pêle-mêle : les emprunts à risque des collectivités locales, la dette des hôpitaux, la fraude aux cotisations sociales, la modernisation numérique, les piscines et centres aquatiques publics, les missions fiscales de la douane.
Et puis le doigt est pointé sur les activités de sécurité privées. Régulation insuffisante, pas suffisamment de contrôle de la part de l’Etat, notamment sur la formation et la moralité des sociétés qui décrochent des marchés dans des lieux stratégiques comme les aéroports ou les stades. Trop d’indulgence en somme. L’Etat accorde des cartes et des autorisations à des personnes qui ont des antécédents judiciaires, pour des faits qui parfois sont graves.
RFI