Dimanche soir, Nicolas Maduro a rejeté l’ultimatum de plusieurs pays européens exigeant la tenue d’une élection présidentielle, faute de quoi ils reconnaîtraient son opposant Juan Guaido comme président. Il s’est toutefois dit favorable à la réunion de Montevideo, annoncée ce dimanche.
Dans un entretien avec la chaîne de télévision espagnole La Sexta, Nicolas Maduro a déclaré qu’il ne ferait pas preuve de « lâcheté face aux pressions » de ceux qui réclament son départ et soutiennent l’opposant Juan Guaido.
« Les élections présidentielles auront lieu à la date prévue, en 2024, a-t-il assuré. Peu importe ce que dit l’Europe au sujet du Venezuela. L’Europe n’a qu’à s’occuper de ses problèmes : le chômage, la croissance, les immigrés. Elle n’a pas à se mêler des affaires du Venezuela. »
L’Espagne, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, le Portugal, rejoints dimanche par l’Autriche, ont exigé du pouvoir de Nicolas Maduro qu’il annonce la convocation d’une présidentielle anticipée, faute de quoi ils reconnaîtraient Juan Guaido comme président du Venezuela.
« Pourquoi faut-il que l’Union européenne dise à un pays du monde qui a déjà organisé des élections qu’il doit refaire son élection présidentielle, parce que ce ne sont pas ses alliés de droite qui l’ont gagnée ? », s’est interrogé Nicolas Maduro, tout en ajoutant : « Ils tentent de nous coincer avec des ultimatums pour nous obliger à en venir à une situation extrême de confrontation ».
Le président vénézuélien s’est dit favorable à un groupe de contact international comprenant l’UE et des pays latino-américains, comme l’Uruguay et le Mexique, et qui va se réunir jeudi à Montevideo. « Moi, je soutiens cette conférence », a-t-il déclaré, tout en ajoutant : « Je gage que cette initiative-là permettra de s’asseoir à la table des négociations, pour un dialogue entre Vénézuéliens, pour aplanir nos différends, pour programmer un plan, une sortie qui résoudra les problèmes du Venezuela ».
Le groupe de contact sur le Venezuela va se réunir le 7 février à Montevideo
L’ « Uruguay et l’Union européenne accueilleront conjointement, le jeudi 7 février » cette première réunion « qui aura lieu à Montevideo » au « niveau ministériel », écrivent dans un communiqué la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini et le président uruguayen Tabare Vazquez.
Dans le groupe de contact sur le Venezuela figurent, outre l’Uruguay, l’Équateur, la Bolivie et le Costa Rica. Côté européen, huit pays dont l’Espagne, mais aussi le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France enverront leurs ministres jeudi à Montevideo. L’objectif est de parvenir à une évaluation commune de la situation au Venezuela et de déterminer, une « approche concertée », rapporte notre correspondante à Bruxelles, Pierre Benazet.
Cette recherche d’une stratégie diplomatique conjointe est le grand défi pour la communauté internationale au moment où la Russie et la Chine réaffirment leur soutien à Nicolas Maduro face aux déclarations belliqueuses de Donald Trump qui n’exclut plus l’option militaire.
Entre Européens aussi, la recherche d’une position commune a échoué, certains comme l’Espagne l’ayant estimé insuffisante alors que d’autres comme la Grèce jugeaient qu’elle allait trop loin dans le soutien à Juan Guaido.
Outre la tenue de nouvelles élections, le groupe de contact préconise pour sa part, la libération des prisonniers politiques, un rééquilibrage du conseil électoral et la reconnaissance de la légitimité de l’Assemblée nationale vénézuélienne.
Paris qualifie de « farce » la proposition par Maduro de législatives anticipées
La ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau a rappelé ce dimanche matin que l’ultimatum arrivait à terme dimanche soir et que si Nicolas Maduro ne s’engageait pas à « organiser des élections présidentielles », la France considérerait que « M. Guaido est légitime pour les organiser à sa place » et le considérerait « comme le président par intérim jusqu’à des élections légitimes ».
« Ce que répond jusqu’à présent M. Maduro, c’est : »Je vais organiser des élections législatives »,sous-entendu : « Je veux me débarrasser du président du Parlement, M. Guaido » qui est justement soutenu par les manifestants. Là encore, cette réponse est une farce, une farce tragique », a souligné la ministre Nathalie Loiseau.
Rfi