Ndiassane : Le film de l’inhumation du défunt khalif

On a beau leurré les fidèles passant l’information que l’inhumation aura lieu ce lundi. Certains ne sont pas tombés sous le panneau. C’est vers 00H45 que le défunt khalife a été inhumé, après une prière mortuaire dirigée par l’imam de la cité religieuse Cheikh Sidy Oumar Kounta.


Des pleurs, des femmes qui tombent en transes, des cris stridents d’hommes, l’horloge affiche 23H20 quand sirènes toutes hurlantes le cortège funèbre pénètre à Ndiassane. Le peuple de la Khadrya massé devant le mausolée de la cité religieuse là où sont enterrés, les khalifes a du mal à cacher sa peine. Partout, des visages dévastés, des pleurs étouffés, des gémissements empreints de chagrin. Le chauffeur du corbillard est de marbre. A 23h26, il a fini de manœuvrer pour garer devant le mausolée. Des chants religieux « Soubhanalah wal hamdouilah la ilaha ilala», résonne dans tous les coins de ce vaste espace.

A 23H32. La dépouille du khalife est à l’intérieur du mausolée, la porte en fer est fermée. Quelques dignitaires triés sur le volet sont à l’intérieur. C’est de l’intérieur que va se dérouler la prière mortuaire. L’émotion est à son paroxysme. Partout des cris, des hurlements, des scènes de disciples qui tombent en pamoison.

A l’extérieur quelques esprits lucides continuent les témoignages sur le défunt khalife. «Il aimait tout le monde ici, il ne ratait aucun baptême, c’était le père de nous tous», hurle peinée une dame.

L’Important dispositif sécuritaire intimide toutes les personnes tentées de perturber la quiétude des lieux. Les Sapeurs pompiers ne chôment pas, ils sont au four et au moulin. Là, quatre gaillards soldats du feu ramassent une femme qui se roule par terre vociférant des cris. De l’autre, des jeunes de la Croix rouge consolent un vieil homme en pleurs.

 

Ndiassane a vécu sa nuit la plus longue. Déjà 23H54 et ceux qui sont chargés de l’inhumation du défunt Mame Bouh Mouhamed Kounta sont toujours à l’intérieur en train de procéder aux préparatifs liés à l’inhumation.

Les deux corbillards qui avaient à leur bord la dépouille du défunt khalife quittent les lieux à cette heure de la nuit.

00h, les gens massés à devant le mausolée sont résignés. Ils sont là par groupes, ou grappes silencieux au temps qui passe aux multiples chants de Zikr qui résonnent. C’est la chanson de Zikr que Mame Bouh Mouhamed Kounta aimait écouter le jour du Gamou quand il sortait de chez lui. Aujourd’hui les chants ont une une sonorité plus macabre.

Alors que le train-train s’installe et que la nuit s’enfonce dans ce brouillard épais qui adoucit les visages soudain, une voix tonne et demande à la foule de se préparer pour la prière. Il est 00H34, c’est l’appel à la prière pour le repos de l’âme du défunt. Un porte-voix sert à avertir l’immense foule. C’est l’imam de la mosquée de Ndiassane Cheikh Sidy Oumar Kounta qui a dirigé la prière mortuaire. Puis à 00H45, l’inhumation est terminée.  La foule se disperse.

Une page se ferme à Ndiassane, une autre autre va s’ouvrir.