Aucune revendication n’a encore été émise après l’attaque qui a provoqué la mort de trois gendarmes lundi 12 mars à 40 km de Niamey dans la région de Tillabéri. Leur poste de garde à l’entrée du village de Goubé a été attaqué par des assaillants qui sont aussitôt repartis en direction de la frontière malienne.
C’est une véritable nuit de terreur qu’ont subie les populations du village de Goubé, terrées chez eux à cause des échanges de tirs violents entre les assaillants et les gendarmes. Plusieurs villageois n’ont pu fermer l’oeil qu’au petit matin avec l’arrivée des renforts. Le bilan de l’attaque est de trois gendarmes tués et un autre blessé. Quant aux assaillants, dont on ne connaît pas le nombre, ils sont repartis en direction du sud-ouest, vers la frontière malienne.
L’attaque est jugée spectaculaire, quand on sait que moins de 200 km séparent seulement Niamey des zones jihadistes du nord du Mali. Oser attaquer aux portes de Niamey suppose deux hypothèses qu’émet un observateur : une cellule dormante de jihadistes planqués à Niamey et qui n’attend que le feu vert de leur chef pour agir ; ou bien une attaque pour faire de la diversion.
En effet, depuis une semaine, de grandes opérations de traques aériennes et terrestres sur les frontières du Mali et du Niger sont organisées par les forces Barkhane, les forces maliennes, les mouvements pro-gouvernementaux maliens et l’armée nigérienne, à travers l’opération Dongo. Selon des sources sécuritaires, une trentaine de jihadistes a été tuée et vingt-cinq autres faits prisonniers et ramenés ligotés à Niamey, il y a trois jours.
A Niamey, la prudence est recommandée
Cette attaque relance néanmoins la question de la sécurité dans la zone de Niamey. Cela faisait longtemps qu’une attaque n’avait pas eu lieu si proche de la capitale.
La région de Tillabéri n’a pas été épargnée ces dernières années, mais les attaques terroristes se concentrent généralement au nord-ouest, vers les frontières maliennes et burkinabè. C’est dans cette zone dite des trois frontières que les forces nigériennes sont mises à rude épreuve et ont perdu plusieurs de leurs hommes, c’est là aussi que quatre soldats américains ont été tués en octobre dernier.
Depuis l’attaque contre la prison de Koutoukalé, à une cinquantaine de kilomètres de Niamey il y a un an et demi, il n’y avait plus eu d’incidents graves près de la capitale.
Les terroristes ont-ils voulu envoyer un message au Niger qui assure depuis le mois dernier la présidence du G5 Sahel ? Ont-ils voulu montrer qu’ils pouvaient frapper près de Niamey, au moment où doivent se réunir les ministres de l’Intérieur de la sous-région mais aussi de plusieurs pays européens ? L’attaque de lundi soir a en tout cas rappelé qu’ils n’étaient pas loin, capables de surprendre, et de s’enfuir.
Avant même cette dernière alerte, les chancelleries étrangères recommandaient la plus grande prudence dans la capitale, en déconseillant les lieux publics non sécurisés ou excentrés… Même si Niamey a depuis plusieurs années été épargnée, comme Nouakchott, contrairement à Ouagadougou et Bamako.
rfi