Le Pakistan se serre la ceinture. Tous les voyants économiques sont au rouge. Les caisses de l’État sont vides. Le gouvernement d’Imran Khan doit remettre son budget fédéral assorti des mesures d’austerité au FMI dans deux jours, le 3 juillet. Ce dernier validera alors ou pas l’accord d’un prêt d’environ six milliards de dollars portant sur 39 mois. Pendant ce temps la roupie poursuit sa dévaluation. Il faut maintenant 159 roupies pakistanaises pour 1 dollar.
De notre correspondante,
Le mot d’ordre est donc l’assainissement des finances publiques au Pakistan via des mesures d’austérité. Des coupes budgétaires sont prévues dans tous les secteurs. Un budget de 472 millions de dollars sera consacré à l’éducation, soit 22% de moins que l’année dernière dans un pays qui compte près de 200 millions d’habitants. Plus de 22 millions et demi d’enfants ne sont pas scolarisés. 178 millions de dollars sont réservés pour l’enseignement supérieur. Un éditorialiste pakistanais a ironisé en s’adressant directement au Premier ministre pakistanais : « Monsieur Khan, savez vous que l’université d’Oxford en Angleterre où vous avez étudié débourse chaque année près de 3 milliards de dollars ».
L’éducation n’est clairement pas la priorité de ce budget. Et les économies concernent aussi la santé, avec un budget réduit de 21%. Des coupes budgétaires sont prévues dans le service public également. Et puis il y a toutes les taxes liées à la consommation, le prix de l’essence a grimpé, celui du gaz a augmenté de près de 200%.
Les produits alimentaires ne sont pas abordables
La population accueille très mal ces coupes budgétaires. Surtout les plus démunis qui souffrent en premier lieu de ces taxes qui touchent les produits de première nécessité. Sur les étals des marchés, les familles les plus modestes ne peuvent plus acheter des fruits et des légumes de saison. C’est la saison des mangues, des nectarines, des litchis, des pastèques. Mais seuls les classes moyennes et les plus riches peuvent se permettre d’acheter les produits frais, de saison.
Certains parents disent avoir même retiré leurs enfants de l’école, ne pouvant plus payer le matériel scolaire. : « Je ne sais pas si je vais pouvoir envoyer mes enfants à l’école quand ils seront en âge d’y aller, confiait à RFI, il y a quelques jours un manutentionnaire». Les commerçants luttent pour maintenir leur magasin à flot. Ceux qui se fournissent à l’étranger voient les tarifs des livraisons exploser avec l’augmentation du prix du carburant. Ils répercutent ces coûts sur les prix, mais les clients se font plus rares, de nombreux commerces font donc faillite.
Le Pakistan dans une situation difficile
Les experts économiques estiment que les mesures d’austérité sont indispensables puisque le pays est au bord de la banqueroute, son déficit budgétaire est d’environ 10% du PIB. Le pays est endetté. Dans les rangs de l’opposition, on qualifie ce budget de plan anti-croissance qui va engendrer du chômage, de la pauvreté et du retard dans le développement du pays. Plusieurs économistes prédisent un appauvrissement dramatique des plus pauvres.
Un très faible pourcentage de la population paye ses impôts au Pakistan et c’est ce qu’il faut surtout faire changer disent certains, et notamment lutter contre les niches fiscales notamment. D’autres regrettent qu’un seul secteur ne soit pas touché par les coupes budgétaires: l’armée. Près de 20% du budget fédéral lui est réservé.