Facebook soigne sa réputation. Le réseau social américain s’engage à lutter contre les ingérences étrangères dans la campagne des élections européennes prévues en mai prochain. Son nouveau porte-parole, l’ancien député britannique Nick Clegg, a présenté hier à Bruxelles les détails du dispositif.
Ceux qui achètent de la publicité politique doivent désormais demander une autorisation au groupe, et par ailleurs les informations sur l’acheteur, les personnes visées, l’argent dépensé dans ces publicités seront publiques et consultables pendant sept ans. Le dispositif a été rôdé pendant la présidentielle brésilienne et les élections américaines de mi-mandat. Deux bureaux spécialement dédiés au suivi des élections seront bientôt opérationnels à Dublin et à Singapour. Les autres pays où des scrutins ont lieu cette année, l’Ukraine, Israël, l’Inde vont aussi en bénéficier. Avec des ajustements régionaux si nécessaires. Au Nigeria par exemple, où se tient bientôt une élection présidentielle, les entités étrangères n’ont tout simplement pas le droit d’acheter à Facebook de la publicité à vocation politique.
Facebook fait-il vraiment amende honorable avec ce dispositif ?
Le réseau essaie au moins de redorer sa réputation. Facebook était déjà accusé d’avoir servi de véhicule aux Russes qui ont voulu influencer la présidentielle Américaine et puis il y a eu l’affaire Cambridge Analytica. Les données de 87 millions des utilisateurs du réseau ont été détournées par la société britannique. Sur le moment Facebook a fait le gros dos. Devant les représentants américains comme devant les parlementaires européens Marck Zuckeberg est resté poli, contrit, mais n’a finalement pas cédé grand-chose. L’amende infligée par Londres n’a d’ailleurs toujours pas été réglée. Mais la société réalise aujourd’hui que son activité pourrait à l’avenir être sérieusement entravée par la réglementation et qu’il est donc urgent d’établir des meilleures relations avec ceux qui décident.
En Europe Facebook souhaite être associé aux discussions sur la régulation de l’internet a déclaré Nick Clegg. Participer pour mieux influencer sans doute. Car le groupe ne renonce en rien à ses ambitions et ses projets immédiats. Nick Clegg a confirmé que la fusion des messageries était bien dans les tuyaux. On pourra peut-être bientôt discuter de WhatsApp à Messenger en passant par Instagram. Pratique, mais inquiétant en termes de protections des données personnelles et de concentration. Car le réseau qui vit de la publicité va pouvoir encore mieux la rentabiliser.
Ces scandales ont-ils affecté le modèle économique de Facebook ?
En Bourse, l’action n’a pas trop souffert après les révélations du printemps sur Cambridge Analytica. C’est seulement cet été, à partir du moment où les investisseurs ont réalisé que le réseau était en train de plafonner sur le marché européen et sur le marché américain que le titre a dévissé. Et les polémiques ont accentué cette dégringolade parce qu’elles ont un coût important pour l’entreprise. Facebook a dû tripler ses effectifs dédiés à la sécurité entre 2017 et aujourd’hui 30 000 personnes se consacrent à cette activité. Il y a donc un effet secondaire des polémiques, mais le modèle économique n’est pas remis en cause pour autant. C’est ce que devraient confirmer les résultats du groupe qui seront publiés demain soir. Les annonceurs internet comme Facebook ou Google ont toujours le vent en poupe. Et d’après les premiers chiffres disponibles Instagram a vu ses achats de publicité plus que doubler au quatrième trimestre 2018. La messagerie photo pourrait à l’avenir être le moteur du réseau américain.
EN BREF
Apple à son tour sous le feu des critiques à cause d’un bug sur son application Facetime. L’utilisateur a la possibilité d’entendre ce qui se passe chez son correspondant sans même qu’il décroche. Cette grosse faille de sécurité sur les appels vidéo de FaceTime existerait depuis longtemps déjà, mais elle vient d’être découverte ; voilà qui fait désordre pour un groupe très soucieux de la confidentialité de son modèle. Tim Cook devra sans doute s’en expliquer ce soir au moment de la publication des résultats.
Les Etats-Unis ont ouvert un nouveau front dans leur guerre avec les Chinois en inculpant le groupe Huawei de vols de technologie et de violation des sanctions. Au total, treize accusations sont portées contre la directrice financière du groupe chinois de télécommunication. Elle est actuellement retenue au Canada et susceptible d’être extradée vers les Etats-Unis. Pékin proteste avec véhémence, pour le moment les discussions sur les différends commerciaux ne sont pas remises en cause. La délégation chinoise est bien arrivée à Washington.
Rfi