Le point de convergence entre le Sénégal et les pays de la sous-région, c’est qu’aucune loi ne régule le prix du loyer. Même si les Etats ont cherché à l’encadrer et protéger les locataires. Toutefois, les différents prix appliqués sur le terrain dénotent nettement de la cherté du loyer au Sénégal. Comparé à ses voisins, il pointe au premier rang. Si les locataires des pays de la sous-région se plaignent des prix qu’ils jugent élevés, au pays de la Téranga, les consommateurs suffoquent…
C’est connu ! Se loger décemment au Sénégal coûte les yeux de la tête aux locataires. Même si la Loi n°2014-03 du 22 janvier 2014 portant baisse du coût du loyer avait permis, à ses débuts, aux locataires de souffler un peu. Ceux qui payaient moins de 15 000 Frs avaient ainsi bénéficié d’une réduction de 29%. Les loyers compris entre 150 et 500 000 FCFA avaient aussi connu une baisse de 14%. 4% de moins étaient appliqués sur les loyers supérieurs à 500 000 F CFA. Mais les usagers n’ont pu en profiter longtemps. Les bailleurs sont revenus à leurs vieilles habitudes, peu de temps après, au grand dam des locataires. Dans la capitale sénégalaise, il faut chercher dans la banlieue lointaine pour se trouver un studio entre 70 et 130 000 F CFA. A Keur Massar, Zac Mbao, Guédiawaye, Petit Mbao et Pikine, le prix de location d’un appartement de deux (2) chambres-salon varie entre 130 et 200 000 Frs. Un trois chambres-salon se situe dans la fourchette de 200 et 300 000 Frs. Une maison ou une villa revient à son locataire entre 175 et 200 000 Frs, selon une estimation des prix de locations fournie par le Palais de l’Immobilier, une agence immobilière sise à la rue 15XCorniche de Dakar.
Dans la zone de la Foire, Parcelles-Assainies, Grand-Yoff et Patte d’Oie, la location d’un studio tourne autour de 90 et 150 000 Frs. Là où un deux (2) chambres-salon coûte entre 150 et 175 000 Frs et un trois (3) chambres-salon revient à 200 ou 250 000 Frs.
A Ouakam, Mamelles et Ngor, un studio peut s’acquérir entre 130 et 175 000 Frs. Un appartement de deux pièces est donné en location entre 175 et 225 000 Frs. Celui de trois (3) pièces varie entre 250 et 500 000 Frs. Pour disposer d’une maison ou d’une villa, il faut débourser 800 000 et 1 500 000 Frs.
Dans les quartiers de la Médina, Gueule Tapée, Malick Sy, Sahm et Fass Paillotte, le prix de la location d’un studio varie entre 150 et 175 000 Frs. Un appartement de deux (2) chambres-salon se paie entre 200 et 250 000 Frs, alors qu’un trois (3) chambres-salon est fixé entre 500 000 et 2 500 000 Frs. Une maison ou villa est donnée en location à partir de 1 000 000 Frs.
Un studio dans les quartiers semi-bourgeois de Sacré-Cœur, Keur Gorgui, Mermoz, Sicap, Bourguiba, Virage, Yoff peut être acquis entre 175 et 200 000 Frs. Un appartement de trois pièces est donné en location entre 250 et 300 000 Frs ; 350 à 800 000 Frs pour un quatre (4) pièces. Une maison ou villa peut revenir aux locataires entre 800 000 et 1 500 000 Frs.
Le Centre-Ville, Point E, Fann Résidence, Fann Hock et les Almadies sont les zones où se retrouvent les coûts les plus onéreux de la capitale. En attestent d’abord les prix des studios. Selon le standing, ils varient entre 250 et 800 000 F. Un appartement de trois pièces est donné en location entre 300 000 et 1 300 000 Frs. Pour habiter dans un appartement de quatre (4) pièces, il faut être capable d’y injecter entre 500 000 et 2 500 000 Frs. Pour les maisons et villas, les bailleurs exigent 1 000 000 de FCFa au minimum à la fin du mois. Le prix peut aller jusqu’à 6 000 0000 de Frs.
Au Sénégal, plusieurs paramètres entrent en jeu dans le choix des prix du loyer. Entre autres, l’état du bâtiment, son emplacement…
Dans la sous-région, il n’existe aucun barème fixant les prix du loyer. Toutefois, même s’ils sont jugés élevés par les populations locales, les prix sont de loin moins chers comparés à ceux au Sénégal.
En Côte d’Ivoire, les bailleurs imposent leur diktat
En Côte d’Ivoire, les prix varient selon le standing de l’appartement ou de la villa. Les bailleurs imposent leur diktat aux locataires et appliquent les prix qu’ils souhaitent. Au pays d’Alassane Ouattara, les prix du loyer ont commencé à connaître une flambée à partir de 2002. Précisément après le déclenchement de la crise politico-militaire le 19 septembre 2002. Ce coup d’Etat manqué qui s’est mué en une rébellion, a entraîné une scission du pays en deux : le nord et une partie sud, avec une ligne de démarcation au centre du pays, entre Bouaké et Yamoussoukro.
Ainsi, tous les fonctionnaires (enseignants, personnels de santé, policiers, gendarmes, militaires pro gouvernementaux, agents de l’administration…) se sont repliés au sud, principalement à Abidjan. La forte démographie notée dans la capitale économique ivoirienne a induit une augmentation anarchique du prix du loyer. Dans la mesure où l’offre est inférieure à la demande. Ainsi, un appartement de deux pièces qui coûtait 30 000 FCFA est passé à 50 ou 60 000 Frs, selon les quartiers, informe le journaliste ivoirien Yacouba Sangaré qui émarge au quotidien «Le Patriote». Celui de trois pièces de 50 000 Frs a connu une majoration de 25 à 30 000 Frs.
Faute de régulation du secteur et aussi à cause du système d’économie de type libéral, cette tendance est restée à la hausse de 2002 à 2020. Résultat : aujourd’hui, un appartement de deux pièces revient en moyenne au locataire entre 80 et 150 000 Frs. Celui de trois pièces coûte en moyenne entre 100 et 250 000 FCFA, voire plus. C’est selon le standing du bâtiment. A Koumassi, une commune d’Abidjan considérée comme moins luxueuse que Cocody, la location des trois pièces démarre à 200 000 Frs pour les nouvelles constructions. La location pour certains bâtiments, notamment au quartier Remblais à Koumassi, peut aller jusqu’à 250 000 Frs. Alors qu’à Angré, un quartier de Cocody, la communauté la plus huppée d’Abidjan, il y a des appartements qui coûtent cent-cinquante mille (150 000 Frs). Dans certains quartiers comme Bietry, un endroit prisé des expatriés, le coût de la location d’un appartement de deux pièces de haut standing est de 500 000 Frs, au bas mot, par mois. Par contre, une cour commune de deux pièces d’un quartier défavorisé d’Abobo, peut revenir à 25 ou 30 000 Frs. Pour protéger les locataires, l’Etat Ivoirien a plafonné le cautionnement du loyer à travers la loi N°2018-575 du 13 juin 2018 relative au bail à usage d’habitation. Il fait obligation aux bailleurs de n’exiger que deux (2) mois de caution et deux mois d’avance sur le loyer. Soit 4 mois au total de loyer pour un contrat de bail. Toutefois, l’application n’est pas encore acquise, les bailleurs continuant d’exiger au moins 6 voire 12 mois de loyer au titre de la caution et de l’avance. Cela, en dépit de la pénalité de 300% du trop-perçu prévue contre les bailleurs.
A Bamako, on se loge entre 25 000 et 300 000 Frs
A Bamako, les prix des loyers varient selon les quartiers. Le coût est relativement moins cher dans les quartiers périphériques, éloignés du centre-ville, donc moins sollicités. A Karbala ou Gnamakoro par exemple, les citoyens se tapent deux pièces (une chambre et un salon) à 25 000 Frs. Un appartement de deux (2) chambres et un salon est donné en location entre 40 et 50 000 Frs, renseigne Yaya Togola, agent immobilier à Bamako. Les locataires déboursent un peu plus pour avoir un appartement de quatre pièces dont un salon. Une villa peut revenir à 75 000 Frs au locataire. Dans les quartiers pauvres, un local de deux pièces se loue à 10 000 Frs.
Dans les quartiers chics par contre, plus accessibles, le coût de location d’une chambre tourne autour de 40 000 Frs. Le prix minimum d’un appartement de deux chambres et un salon est de 60 000 Frs. Le coût peut être rallongé jusqu’à 100 000 Frs. Les appartements de trois pièces varient entre 75 et 150 000 Frs. Une villa peut aller de 125 à 300 000 Frs.
Au Burkina, c’est entre 30 000 et 500 000 Frs
Au Burkina Faso aussi, aucun barème ne fixe les coûts du loyer. Les efforts du ministère en charge du Domaine de réguler les prix ne donnent pas encore l’effet escompté. Du coup, les bailleurs font leur loi. Les prix appliqués varient de 30 000 frs pour une chambre et salon moyen standing à 150 000 frs pour les mini villas (une chambre, un salon et un garage généralement), indique Lassina Sawadogo, journaliste sportif et consultant. Cela concerne les quartiers périphériques de la capitale. A Zogona, la Patte d’oie, Cissin, Somgandé, Wemtenga, entre autres zones plus proches du centre-ville, il faut compter 60 000 frs pour deux pièces (une chambre et un salon). Les mini villas de deux chambres et un salon sont données en location entre 150 et 200 000 Frs. Dans les quartiers huppés de Ouagadougou, il faut débourser encore plus pour se loger. Les mini villas s’échangent contre 200 000 Frs à la fin du mois. Pour les villas à trois (3) chambres et un salon, il faut débourser entre 200 et 500 000 Frs en fonction du standing. Les prix les plus élevés sont constatés dans le quartier Ouaga 2000 et à un degré moindre à Pissy.
Au Bénin, avec 15 000 Frs on peut disposer d’un studio
Au Bénin, deux tendances se dessinent dans les zones proches du centre-ville où le loyer coûte cher. Dans les quartiers de Gbegamey, Gbedjromedey, Ste Rita, Djidje Aidjedo, la location d’une vieille bâtisse de deux (2) chambres et salon coûte entre 50 et 60 000 Frs, signale Hughes Zounon Zinsou de l’Office de radiotélévision du Bénin (Ortb). Il faut par contre débourser entre 70 et 100 000 frs pour loger dans des bâtiments modernes ou récents.
Le coût est relativement le même dans des vieux quartiers un peu plus éloignés comme Zogbo, Fifadji, Kouhounou, Menontin, mais considérés comme faisant partie du centre-ville.
En raison de son standing, Fidjrosse considéré comme zone résidentielle grâce à sa face salubre, affiche des prix légèrement plus chers. Les loyers sont souvent dans la fourchette de 70 à 100 000 Frs pour un logement de deux (2) chambres à coucher et 40 000 frs pour une pièce.
Agla présente les mêmes caractéristiques que toute la zone AKPAKPA considérée comme proche du centre-ville parce que les habitants ne sont pas confrontés aux tracas des embouteillages. Le loyer peut cependant varier selon les problèmes d’inondations. Les prix fluctuent entre 50 et 70 000 Frs.
Calavi et la zone de Haie vive, Cocotier zone des ambassades sont les extrémités. A Calavi, considéré comme loin du centre-ville avec les embouteillages quotidiens, les coûts sont relativement moins onéreux, selon qu’on est proche de Cotonou ou non. Le loyer est au plus à 70 000 Frs pour deux (2) chambres et 15 000 à 35 000 Frs pour une chambre. Calavi offre des possibilités d’avoir une villa en location entre 80 et 100 000 Frs ou un peu plus, quand cela dépasse 3 chambres.
Par contre, dans les quartiers populeux présentant quelques poches d’inondations, tels que Cocotomey, Cococodji, Gbodje, Gbegnigan, Godomey, un logement à trois pièces varient entre 45 et 60 000 Frs.
Avec leur standing généralement bas, les quartiers Sainte Cécile, Vossa et Ladji offrent les prix les moins chers à Cotonou. Les prix d’un logement de deux (2) pièces (une chambre et un salon) tournent autour de 15 et 25 000 frs.
Dans les zones résidentielles comme la Haie vive et la Zone, les maisons sont données en location entre 600 mille et 2 millions de FCfa. Ce sont des quartiers prisés par les Occidentaux et autres étrangers travaillant dans les organisations internationales.
Au Togo, on loue entre 5 000 et 300 000 Frs
Au Togo, les propriétaires de maison fixent les prix selon leur humeur, car n’étant contraints par aucune loi. L’emplacement de la location, ses composantes, entre autres, sont pris en compte dans la fixation des prix. Une chambre peut revenir à 5 000 Frs à son locataire, dit le journaliste indépendant Steve Lavon. «Une chambre avec toilette intérieure revient à 10 000 Frs, 15 000 Frs pour deux pièces (une chambre-salon). Un logement comportant une chambre, un salon, une cuisine et toilettes est donné en location à 30 000 Frs. Un bâtiment composé de deux chambres, un salon, une cuisine et des toilettes revient à 50 000 Frs. Toutefois, ces prix peuvent connaître une majoration de 5 000 à 10 000 Frs en fonction des quartiers. Dans les quartiers dits résidentiels, il faut casquer au moins 300 000 Frs pour habiter dans une villa», conclut le journaliste qui collabore avec la Deutsche Weller en Allemagne et l’agence Reuters.
igfm