Procès du putsch manqué au Burkina Faso: le temps des plaidoiries

Retour au tribunal militaire de Ouagadougou pour les accusés dans le cadre du procès du coup d’État manqué de septembre 2015. Suspendues à la suite d’un mouvement d’humeur des avocats burkinabè, les plaidoiries ont repris mardi 11 juin, après seize mois de procès. Les 84 accusés doivent répondre des faits d’attentat à la sureté de l’État, coups et blessures, meurtres, entre autres chefs.

« Vous avez rendez-vous avec l’histoire du Burkina Faso ! », a lancé au tribunal Me Souleymane Ouédraogo, l’un des avocats des victimes dès le début des plaidoiries.

« Sévérité » à l’égard des accusés qui auraient nié…

Outre le général Gilbert Diendéré, présenté comme le principal cerveau du coup d’État, les avocats des parties civiles souhaitent que soient également reconnus coupables des faits d’attentat à la sûreté de l’État onze sous-officiers, ceux qui ont joué un rôle dans la préparation, l’arrestation et la séquestration des autorités de la transition. Maître Prosper Farama demande au tribunal d’être sévère à l’égard des accusés qui auraient nié tous les faits. « En appliquant avec la plus grande sévérité la loi à ceux des accusés qui seraient reconnus coupables et qui n’auraient démontré aucun sentiment de repenti. Et en étant aussi du mieux possible clément à l’égard de ceux qui auront exprimé une certaine reconnaissance des faits et un repenti. »

Maitre Olivier Yelkouni, l’un des avocats du général Gilbert Diendéré, attend surtout que le droit soit dit au vu des faits exposés devant le tribunal et non sur la base des repentances. « La loi ne prévoit pas de repentances, la loi prévoit que s’il y a une preuve de l’infraction, prononcez la culpabilité. S’il n’y a pas de preuve, ne prononcez pas la culpabilité. Si vous doutez, ne prononcez pas la culpabilité. »

L’armée « doit être républicaine »

Dans une salle d’audience où le public n’était pas au rendez-vous, maître Ouedraogo Souleymane a souligné que « la décision du tribunal doit permettre à l’armée burkinabè de savoir qu’elle doit être républicaine ».

Le 16 septembre 2015, des soldats de l’ex-régiment de sécurité présidentielle (RSP) interrompaient le Conseil des ministres et mettaient en place un Conseil national pour la démocratie, dirigée par le général Gilbert Diendéré, ex-chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré. Suite aux manifestations et l’opposition d’une partie de l’armée, le coup d’État échoue mais plusieurs personnes sont tuées ou blessées.

 

Rfi