Le tribunal militaire de Ouagadougou doit rendre ce mercredi 6 avril son jugement dans l’affaire des assassins présumés de Thomas Sankara. 14 accusés comparaissent dans cette affaire, dont deux jugés par contumace: l’ancien président Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando, son chef de la sécurité. Ils sont accusés d’avoir participé à l’assassinat de l’ancien président burkinabè, père de la révolution, tué avec 12 de ses collaborateurs, le 15 octobre 1987. Cela fait 35 ans que les proches des victimes et les Burkinabè attendent cette décision de justice.
Il aura fallu plusieurs années d’instruction, l’audition de plus de 110 témoins et 6 mois d’audience pour en arriver à ce jour. Trente-cinq ans après les faits, les preuves matérielles sont maigres. Pas de photos, pas de tests ADN concluants, ni d’écoutes, mais quelques certificats de décès falsifiés.
L’accusation s’est donc surtout appuyée sur des témoignages mais là encore, le brouillard des souvenirs reste épais. Si ce n’est pour Elysée Yamba Ilboudo, alors chauffeur de Blaise Compaoré qui se souvient très bien avoir conduit les hommes du commando mortel jusqu’au Conseil de l’entente ce 15 octobre 1987.
« Nous avons quitté le domicile de Blaise Compaoré vers 16h sur instruction de Hyacinthe Kafando », se rappelle-t-il. Le commando s’est ensuite dirigé vers le bâtiment où Thomas Sankara et ses collaborateurs étaient en réunion. « J’ai vu Sankara sorti les mains en l’air et ils ont tiré sur lui », précise Elysée Yamba Ilboudo.
Et puis il y a Abderrahmane Zetyenga, alors adjudant-chef. Cet ancien adjoint du général Gilbert Diendéré ne tremble pas lors de sa confrontation avec l’ancien chef d’Etat-major de Blaise Compaoré et rappelle chacun des ordres donnés par son supérieur. Enfin le colonel Moussa Diallo, ancien gendarme, se souvient aussi de la « soif de pouvoir » de Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré.