Rapatriement des jihadistes de Syrie: les Européens temporisent

Le président américain s’impatiente. Donald Trump somme les pays européens à rapatrier leurs ressortissants jihadistes de Syrie. Ils seraient actuellement 800 détenus par les Kurdes. Des Français, des Allemands et des Britanniques notamment, mais Paris, Berlin et Londres préfèrent temporiser pour le moment. Le sujet a été débattu ce lundi par les 28 ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne pour une approche commune.

Après avoir évoqué dans un premier temps le retour de 130 Français, hommes, femmes et enfants détenus par les Kurdes, Paris change de ton et affirme désormais gérer les rapatriements au cas par cas.

La Maison Blanche exprime sa colère, Donald Trump ne cesse de pointer les « tergiversations » européennes. Fin décembre, le président américain annonce le retrait de ses troupes de Syrie. Le rapatriement doit donc se faire, selon lui, avant ce départ imminent au risque de voir des centaines de jihadistes s’évanouir dans la nature.

De son côté, l’administration semi-autonome kurde refuse de juger les étrangers et souhaite les renvoyer vers leurs pays d’origine.

Une situation compliquée, embarrassante pour la plupart des capitales européennes qui font face à l’hostilité d’une partie de leurs opinions publiques farouchement opposées à ces retours.

En attendant, les responsables européens tentent de gagner du temps. « Nous avons toute confiance dans la capacité des Kurdes à maintenir en détention ces jihadistes », affirme le secrétaire d’Etat français à l’Intérieur.

Leministre allemand des Affaires étrangères juge quant à lui, « extrêmement difficile » d’organiser à ce stade un rapatriement des jihadistes européens retenus en Syrie.

Pas de décision au niveau de l’UE

La demande faite aux Européens par Donald Trump a été débattue ce lundi par les 28 ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne. Cette demande pressante s’accompagnait d’un plaidoyer dans le même sens de la part de la région autonome kurde du nord de la Syrie, mais pour l’instant ce double appel reçoit un accueil peu enthousiaste des Européens.

De notre bureau à Bruxelles,

La haute représentante pour la politique extérieure de l’UE, Federica Mogherini, ne peut que reconnaître que le retour des ressortissants européens ayant combattu pour Daesh relève de la souveraineté de chacun des Etats membres de l’Union.

Federica Mogherini préconise comme beaucoup qu’il y ait une approche commune, mais les Européens sont peu enthousiasmés par l’idée de les voir revenir. Pour l’instant, les décisions devraient donc continuer à être prises au cas par cas, pays par pays.

« Ce que nous souhaiterions, c’est qu’il y ait une concertation entre les pays concernés en Europe par la situation des combattants étrangers partis en Syrie comme jihadistes et que l’on regarde quelles sont les meilleures solutions parce qu’il n’est pas exclu que des pays de la région souhaitent juger ces jihadistes sur leur propre territoire pour des faits commis dans la région. Je pense en particulier à l’Irak », explique Didier Reynders, ministre belge des Affaires étrangères.

La mise à disposition des justices nationales des pays de la région semble susciter l’adhésion de la plupart. C’est par exemple la position officielle de la Suède. Et de leur côté la France, l’Allemagne et l’Autriche estiment peu praticable la demande formulée par le président des Etats-Unis d’un retour en bloc des anciens jihadistes capturés en Syrie.

 

Rfi