La magistrate roumaine Laura Codruta Kovesi, l’une des favorites pour diriger le futur parquet européen, a été inculpée jeudi 28 mars à Bucarest pour faits de corruption.
Pour cette magistrate considérée comme un symbole de la lutte anticorruption mais en butte à l’hostilité du gouvernement roumain, ces poursuites pourraient compromettre une nomination au poste de procureur européen au moment où le processus de désignation touche à son terme.
La procédure contre Laura Codruta Kovesi, cheffe du parquet roumain anticorruption jusqu’en juillet 2018, risque également d’assombrir un peu plus les relations entre les sociaux-démocrates au pouvoir à Bucarest et les responsables européens alors que la Roumanie assume jusqu’en juillet sa première présidence de l’UE.
« Une mesure pour me faire taire»
Déjà entendue à deux reprises ces dernières semaines par la justice roumaine, Laura Codruta Kovesi s’est vue notifier son inculpation lors d’une audition de six heures à Bucarest, ont rapporté les médias roumains. A l’issue de celle-ci, elle a refusé de s’exprimer sur la procédure en vertu d’une interdiction formulée par les magistrats en charge du dossier, ce qu’elle a vivement dénoncé.
« C’est une mesure pour me faire taire, pour harceler ceux qui, au sein du système judiciaire, ont fait leur travail », a-t-elle déclaré à la presse. Elle a de nouveau accusé la majorité sociale-démocrate de tout faire pour torpiller sa candidature au poste de chef du parquet européen.
Selon plusieurs médias, un contrôle judiciaire strict lui interdisant de quitter la Roumanie a été ordonné. Le parquet de Bucarest devrait communiquer vendredi sur le cas de la magistrate qui peut faire appel de tout ou partie des mesures prononcées car elles risquent de compliquer le maintien de sa candidature européenne.
Visée par deux enquêtes
La majorité de gauche reproche à cette magistrate de 45 ans d’avoir commis des « abus » dans ses enquêtes qui ont abouti à la condamnation de dizaines d’élus locaux et nationaux. Le gouvernement a obtenu en juillet 2018 le limogeage de Laura Kovesi qui dirigeait le parquet anticorruption (DNA) depuis 2013. Elle est depuis visée par deux enquêtes.
Dans un dossier, elle est soupçonnée d’avoir fermé les yeux sur une présumée falsification de preuves par deux procureurs de Ploiesti, poursuivis pour ces faits. Dans une autre affaire, elle se voit reprocher des infractions en lien avec l’extradition en 2011 depuis l’Indonésie d’un Roumain condamné pour avoir spolié quelque 300 000 petits épargnants. Le parquet n’a pas indiqué jeudi dans quel dossier elle avait été inculpée.
Rfi