Scandale des déchets nucléaires à Bure: ouverture du procès et marche de soutien

Scandale des déchets nucléaires à Bure: ouverture du procès et marche de soutien

Ils sont sept sur le banc des accusés du tribunal correctionnel de Bar-le-Duc, dans l’Est de la France, sept opposants à un projet d’enfouissement de déchets nucléaires, à Bure, une petite commune située à la limite des départements de la Meuse et de la Haute-Marne. Cigéo, le projet français de centre de stockage profond de déchets radioactifs, suscite dans toute la région une très vive opposition.

Avec notre envoyée spéciale à Bar-le-Duc,

Juste avant l’ouverture de l’audience, un groupe de commerçants de Bar-le-Duc anti-Cigéo montait une cantine pour le déjeuner et offrait des cafés. Tout cela sur fond de comédie musicale montée par Les Bombes atomiques, un collectif féministe antinucléaire.

Puis, les prévenus sont arrivés sous les acclamations de soutien, et vers 9 h30, le procès a débuté. Ils sont accusés d’action en bande organisée, d’association de malfaiteurs, de dégradation de matériel et de détention de produits explosifs.

Les faits reprochés
En février 2017, ils auraient dégradé la clôture de l’écothèque de l’Andra, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, et auraient incendié le site de son restaurant d’entreprise. En août, ils se seraient rendus coupables d’une manifestation non déclarée sur le site du Bois Lejus, un site âprement défendu par les militants et les villageois, parce que l’Andra a prévu d’arracher tous les arbres pour creuser des galeries de stockage pour les déchets nucléaires.

Quand on lit l’ordonnance du juge d’instruction, il est en réalité reproché aux sept prévenus d’avoir participé à des attroupements ou ententes en vue de la préparation de délit avec armes, d’avoir participé à des manifestations non autorisées et détenu des substances explosives dans l’objectif des faits qui leur sont imputés. Mais cela se passe à des dates qui ne correspondent pas aux faits eux-mêmes. Il y a une grande incohérence entre le dossier et les accusations et c’est une incohérence qui a été soulevée d’emblée par les avocats des prévenus.

La lutte anti-nucléaire mise en accusation
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Il faut noter que la période est très critique pour l’Andra, parce que l’Agence de l’État a déposé fin 2020 sa demande de déclaration d’utilité publique, qui devrait déboucher après accord sur les travaux officiels de défrichement, en amont de la construction du site souterrain. Il faut quand même rappeler que c’est une histoire qui a commencé en 1998. Un laboratoire était construit, mais pas le site d’enfouissement.

Le nucléaire a toujours été un domaine protégé de l’État et Cigéo n’y fait pas exception. Les opposants au projet ont été espionnés, surveillés, leurs conversations téléphoniques ont été écoutées pendant des mois, la gendarmerie a même créé une cellule pour organiser la surveillance qui a eu recours au logiciel Anacrim utilisé dans des dossiers complexes. Les enquêteurs ont également utilisé des appareils permettant d’intercepter toutes les télécommunications mobiles dans un périmètre donné. Une procédure autorisée depuis le vote de la loi relative au renseignement, peu après les attentats contre Charlie Hebdo.

Une justice préventive ?
Et d’ailleurs, en début d’audience, un des prévenus a déclaré : « c’est la mouvance anti-Cigéo qui est mise en jugement, mais les charges ténues ne méritent pas cette cellule Bure. Il s’agit là de justice préventive et de délit d’intention. C’est une lutte toute entière qui comparaît devant vous ». De fait, le dossier semble plutôt vide, puisque seule la préparation d’éventuelles actions est citée, mais pas les actions elles-mêmes.

Une grande manifestation de soutien doit se dérouler dans l’après-midi dans Bar-le-Duc. Plusieurs personnalités politiques, dont les têtes de liste aux régionales pour la région Grand Est Aurélie Filippetti (L’Appel inédit) et Eliane Romani (Pacte Grand Est) ou la députée européenne écologiste Michèle Rivasi, ont d’ailleurs annoncé leur présence. En début d’audience, les avocats de la défense ont demandé au juge d’allonger la pause déjeuner pour pouvoir participer à la manifestation, mais ils n’ont pas obtenu gain de cause. Certains manifestants seraient déjà en garde à vue.