J’ai lu et relu maintes fois la chronique du doyen Madiambal Diagne parue dans le journal « Le Quotidien » de ce lundi 22 mars mais je suis resté incrédule. Mon sang n’a fait qu’un tour quand j’ai fini de lire cette chronique consacrée à Ousmane Sonko et titrée : Le prix de l’honneur d’un « fils de Casamance ». J’aurais pu, comme depuis le début de l’affaire dite « Ousmane Sonko vs Adji Raby Sarr » me taire. Mais j’ai décidé de rompre le silence. Parce que tant que le débat était entre les acteurs politiques et les juristes, je considérais que les Sénégalais pouvaient faire la part des choses.
Mais quand une sommité de la presse nationale, dirigeant un groupe de presse respectable prend sa plume pour verser dans le divisionnisme avec des révélations aussi graves-si c’est vrai-, il est du devoir de chacun de dire stop. Parce que les derniers évènements ont fait croire à l’opinion publique qu’il y avait deux blocs de médias qui s’affrontent au Sénégal : d’un côté, les médias pro-pouvoir à qui il faut s’attaquer, et de l’autre, les médias du peuple qu’il faut soutenir et protéger.
Ce classement sans fondement est un danger pour la démocratie et la liberté d’opinion. Et c’est ce genre de posture qui accrédite la thèse des non-initiés. Je ne vous apprends rien M. Diagne, mais vous savez comme moi que toute vérité n’est pas bonne à dire. Cependant, si celle que vous brandissez, même si elle est difficilement « gobable » s’avère vraie, alors, il faudra situer les responsabilités. Comment un Etat qui traque des rebelles depuis des décennies peut-il les suivre et les laisser faire des centaines de kilomètres pour entrer librement dans la capitale et la saccager sans les appréhender ?
Pire encore, comment l’Etat du Sénégal peut-il laisser rentrer tranquillement dans le maquis « les rebelles » qui ont mis à feu et à sang le pays sans bouger le moindre petit doigt ? Si tenté que ce vous dites est vrai, le Président de la République doit être poursuivi pour haute trahison. Parce que de telles informations sont destinées en premier au Président de la République. Et il devait ordonner aux forces de l’ordre de prendre les mesures qui s’imposent pour arrêter ces personnes. A moins que ces hommes que vous qualifiez de rebelles aient été convoyés sous bonne escorte de l’Etat pour accréditer la thèse que vous défendez. Et ça, ce serait la sommité de la haute trahison.
A l’Assemblée Nationale d’agir
Parce que j’ai dû mal à croire que Guy Marius Sagna, Assane Diouf et consorts aient été arrêtés sur la base d’un audio d’intentions, alors que des « rebelles » en plein action pillage et de « déstabilisation des institutions », ne soient pas inquiétés. Il y a quelque chose qui m’échappe. Et j’invite solennellement le Président de l’Assemblée Nationale, conformément à la Constitution et aux Lois en vigueur dans notre pays, d’entreprendre des actions qui s’imposent en vue de la traduction du Chef de l’Etat devant la justice pour haute trahison.
Je voudrais, pour que nul n’en ignore, préciser qu’en Janvier 2012, alors que j’étais Responsable national de la Jeunesse Etudiante Catholique du Sénégal, j’ai rencontré M. Madiambal Diagne dans les locaux du « Quotidien » à Yoff. J’étais à sa rencontre pour solliciter de lui, un partenariat institutionnel pour qu’il accompagne, via son groupe de presse, le projet de création du Réseau National des Jeunes pour la Paix en Casamance (Rénapec), financé par l’USAID/PGP. Il faut dire que j’avais sollicité beaucoup de patrons de presse, mais seuls MM. Diagne et Cheikh Thiam, alors DG du « Soleil » avaient accepté de nous accompagner dans ce projet.
Je dois aussi, par devoir de vérité, dire que M. Madiambal Diagne était le plus investi dans le projet. Les archives sont là pour le prouver. Et lors de cette rencontre, il m’a remis un chèque de 100 000F CFA en guise de contribution. Chèque que j’ai remis à mon Secrétaire Général, Grégoire Sarr. Donc, je crois foncièrement que M. Diagne est un patriote et qu’il aime son pays. Ceci dit, je ne suis pas d’accord avec lui de vouloir opposer les Diolas aux autres communautés ethniques qui vivent dans la paix et la quiétude en Casamance.
Ne disons pas que ce divisionnisme n’est pas possible. Mon grand-père m’avait dit que cela était déjà arrivé en Casamance entre deux communautés ethniques dont je tairais les noms. Donc, redoublons de vigilance sur ces questions. Je ne suis pas du même bord politique qu’Ousmane Sonko, mais comme lui, je suis un fils de la Casamance et mon cœur saigne à cause de ce drame que vit cette belle région. Cette guerre, je l’ai vécue dans ma chair. C’est pourquoi à ma plus petite échelle, j’ai essayé de faire quelque chose pour changer la donne.
Dieu bénisse et sauve le Sénégal du syndrome du divisionnisme.
*François MENDY
Coordinateur AGIR
Seine-Saint-Denis (France)
Responsable politique AGIR à Ziguinchor