Nouvelle journée de violences au Soudan. Dans la ville d’El Obeid, dans le centre du pays, une manifestation d’étudiants a été réprimée à balles réelles. Selon le Comité de médecins soudanais, au moins cinq personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées. D’après un leader de la contestation, quatre lycéens comptent parmi les cinq personnes tuées.
Selon plusieurs sources, la marche devait relayer des revendications socio-économiques pour protester contre des pénuries de pain, d’électricité, d’eau dans cette ville du centre du pays, qui a régulièrement suivi les actions du soulèvement soudanais depuis décembre.
Alors que la manifestation était en cours, les forces de sécurité auraient commencé à réprimer, d’abord à coup de gaz lacrymogène, puis à balles réelles. Selon le Comité central des médecins, on compte pour l’instant cinq morts, de nombreux blessés, parfois dans un état grave et opérés d’urgence à l’hôpital.
La question de l’impunité…
L’Association des pharmaciens a d’ailleurs demandé aux professionnels du secteur de se rendre dans les hôpitaux de la ville pour prêter main-forte. Khalid Omer, le secrétaire général du Parti du Congrès soudanais (Sudanese Congress Party) parle d’un « massacre d’innocents », qui cherchaient simplement à avoir une vie décente. L’opposant a promis que les criminels seront tenus pour responsables, mais que la révolution ne sera pas vaincue par les balles.
La répression des forces de sécurité a aussi entraîné une seconde vague de protestation et des manifestations dans plusieurs villes du pays comme Al Nahud, Port Soudan ou encore Khartoum.
« Le conseil militaire est responsable de ce massacre. Il montre chaque jour qu’il a échoué dans sa mission de protéger les citoyens », a réagi l’Association des Professionnels.
L’APS demande une commission d’enquête indépendante pour déterminer les responsabilités dans cette nouvelle fusillade.
La question de l’impunité est centrale dans les négociations en cours entre la junte et la coalition civile. Un dialogue qui doit aboutir à la signature d’une charte constitutionnelle et au lancement officiel de la transition. Un comité technique conjoint devait se réunir aujourd’hui, avant une reprise du dialogue demain.
Ces violences arrivent aussi alors que le pays est tendu ce week-end. Les conclusions d’une enquête sur le massacre du 3 juin ont été rejetées par les civils. Et là encore, la question de l’impunité reste centrale.
Les autorités soudanaises ont annoncé avoir imposé un couvre-feu dans quatre villes de l’État du Kordofan-Nord (centre), notamment dans la capitale, El Obeid, de 21H00 locales (19H00 GMT) à 06h00 pour une période indéterminée, selon un communiqué du bureau du gouverneur de l’État soudanais du Kordofan-Nord.
Rfi