Tensions en mer d’Azov: la Russie place en détention plusieurs marins ukrainiens

Le bras de fer se poursuit entre Moscou et Kiev. Deux jours après le très grave incident maritime survenu au large de la Crimée, douze des 24 marins ukrainiens appréhendés par les garde-côtes ont été condamnés à deux mois de détention provisoire. Les autres marins devraient être jugés ce 28 novembre.

Avec notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot

Deux mois de détention provisoire, c’est la peine prononcée par le tribunal de Simferopol, en Crimée à l’encontre des douze marins ukrainiens entendu ce mardi 27 novembre. Pour les juges, les marins ont pénétré dans les eaux territoriales russes sans autorisation. Ils ont donc franchi illégalement la frontière.

Pour l’avocat des marins, cité par l’Agence France-Presse (AFP), cette décision n’est pas fondée juridiquement « ni sur la base du droit russe ni sur celle du droit international ».

« Provocation »

La décision du tribunal de Simferopol est sans surprise. Depuis deux jours, les autorités russes ne cessent d’accuser les marins ukrainiens d’avoir agi en connaissance de cause, et d’avoir agi dans le but de « provoquer » un incident avec la Russie.

Une version largement relayée par les médias pro-Kremlin en Russie, lesquels ont diffusé les déclarations de plusieurs marins ukrainiens, enregistrés par les services de sécurité russes.

Des déclarations mensongères, faites sous la contrainte, ont aussitôt dénoncé les autorités ukrainiennes. Celles-ci ont en revanche reconnu la présence de plusieurs officiers des services de renseignement ukrainiens à bord des navires appréhendés.


■ Loi martiale en Ukraine : beaucoup de questions

A Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine,  Sébastien Gobert

A partir d’aujourd’hui à 9h (locales), dix régions du pays frontalières de la Russie ou de zones sensibles sont soumises à la loi martiale pour une durée de 30 jours. La mesure d’urgence est justifiée par l’attaque de trois navires militaires ukrainiens dans la mer noire, le 25 novembre, et la capture de 24 marins. Mais les implications concrètes de la loi martiale restent floues.

Y aura-t-il des barrages routiers ? Un couvre-feu ? Des restrictions des libertés civiques ? Sur les réseaux sociaux, les questions sont nombreuses. L’incertitude demeure malgré les explications du président Petro Porochenko, chef des armées. La loi martiale est avant tout pour lui un cadre directeur qui lui donne des moyens d’actions dans le cas où la Russie s’engagerait dans une escalade militaire. L’application de ce régime d’exception envoie un message fort à Moscou, assure-t-il.

D’ailleurs, plusieurs dizaines de citoyens russes ont été interdits d’entrée sur le territoire national. Pour les citoyens ukrainiens, les implications semblent moins drastiques. Petro Porochenko affirme garantir les libertés fondamentales, et le droit de vote de chacun à quelques mois d’élection cruciales. La seule conséquence concrète de la loi martiale qui est connue à l’heure actuelle concerne le match Vorskla-Arsenal de la League Europa de l’UEFA. Il est transféré de la ville de Poltava dans l’est du pays à la capitale Kiev, par souci de sécurité.

 

rfi