Touba : 6 375 inhumations entre janvier et juillet 2020

Touba : 6 375 inhumations entre janvier et juillet 2020
Touba : 6 375 inhumations entre janvier et juillet 2020

A Touba, les morts au coronavirus ne sont pas toujours déclarés malgré une explosion des inhumations dans le deuxième trimestre de 2020.

Malgré le contexte de la pandémie du Coronavirus, avec la restriction des déplacements d’une localité à une autre, les familles éplorées ont réussi à exécuter la dernière « volonté » des défunts d’être inhumé dans la ville religieuse de Touba. Dans le rapport du Dahira Moukhadimatoul Khidma, du 1er janvier au 31 juillet 2020, 6 375 personnes, dont 5 371 hommes et 1 004 femmes, ont été inhumées au cimetière Bakhiya de Touba.

Les mois de juin et juillet ont battu respectivement le record d’inhumations de l’année 2020 avec 1092 et 1090 cas. Le mois de janvier vient en troisième position avec 984 dépouilles mises sous terre, puis celui de février avec 851 cas, mai avec 849 cas, mars 781 cas et enfin avril avec 728 cas d’inhumations. Les décès sont liés à différentes pathologies avec en tête, la tension avec 1 557 cas, suivi de mort naturelle avec 1 314 cas, de paludisme avec 730 cas, d’accident avec 509 cas, entre autres.

La mortalité maternelle n’est pas en reste avec 108 cas, tandis que la mortalité néonatale culmine à 171 cas de décès. Sur les 6 375 cas d’inhumations au cimetière Bakhiya, naturellement, Touba enregistre le plus grand nombre avec 1 791 cas, suivi de Diourbel avec 1 225 cas, ensuite Thiès avec 1 221 cas, Dakar 997 cas, Louga 513 cas. Mais le plus intéressant est que sur les causes de la mort des personnes inhumées dans le cimetière, il n’est nulle part fait mention d’un décès lié au Coronavirus. Alors que sur un fichier caché, il y a un décompte d’à peu près une vingtaine de cas. La raison de ce déni étant simple, par peur de la stigmatisation, les familles ne disent pas toujours la vérité.

«A chaque fois qu’on cherche plus d’informations, on nous parle de secret médical»

A Touba, aucune famille n’accepte que son proche soit déclaré mort des suites de l’infection au Covid-19. Ce qui a causé de vives altercations entre les parents proches des défunts et l’équipe sanitaire chargée de l’inhumation. Conséquences, les autorités ont réduit leur communication autour du Coronavirus.

«Avec les certificats d’inhumation que nous recevons de l’hôpital, on n’a pas reçu un cas de décès lié au Covid-19. Mais avec le service d’hygiène, on reçoit les informations nécessaires pour prendre les dispositions adéquates», explique Makhtar Kane. Le membre du Dahira Moukhadimatoul Khidma souligne : «Il y a des décès liés au Coronavirus, même si les proches préfèrent parler de maladie chronique.» Face à cette situation, les membres du Dahira Moukhadimatoul Khidma chargés de la gestion du cimetière ont dû se résoudre à prendre toutes les dispositions nécessaires. Ce, pour éviter, en premier, d’être exposés.

«Toutes les précautions sont prises avec les Equipements de protection individuelle (Epi) avant de procéder au lavage mortuaire et l’inhumation, selon les recommandations de l’Islam», souligne Makhtar Kane. Et parce que des gens continuent à ne pas croire à l’existence du Covid-19, les responsables «font tout pour respecter les recommandations sanitaires avec la distanciation au moment de l’inhumation», rassure Makhtar Kane.

Qui précise : «A chaque fois qu’on cherche plus d’informations, on nous parle de secret médical, ce que nous leur concédons. On en avait un seul cas, le papier n’avait pas d’entête et il y avait la mention Covid-19». Un déni qui risque de faire des ravages auprès des personnes préposées à l’enterrement.

igfm