Dans un rapport publié début juillet, Washington évoque la complicité de diplomates étrangers dans le trafic d’êtres humains au Sénégal et dresse un bilan mitigé des efforts sénégalais pour endiguer les crimes de travail forcé. Seneplus.com
Le Sénégal en fait-il suffisamment pour protéger les victimes de traite d’êtres humains et de trafic sexuel ? Le bureau du département d’État américain chargé de la surveillance et de la lutte contre le trafic de personnes, a rendu public un rapport évaluant les mesures prises par les autorités pour contrer le phénomène. « Le gouvernement ne remplit pas totalement les standards minimaux en matière d’éradication du trafic », établit le document, qui évoque néanmoins « les efforts significatifs » faits par le Sénégal.
La majeure partie des cas recensés correspondent en réalité à l’exploitation des jeunes dans de prétendus daaras, où les enfants et jeunes hommes sont maltraités et forcés à mendier, sans recevoir une formation et instruction religieuse suffisante. Un problème adressé depuis 2005 par une loi qui peine encore à être appliquée, et par un programme national visant à retirer les jeunes des rues, dont la phase trois a été déployée en 2020.
Une loi peu appliquée
Le département d’État enjoint toutefois Dakar de renforcer le cadre juridique et de réguler les daaras. « Le gouvernement n’a pas enquêté ou poursuivi les trafiquants qui forcent les enfants à mendier, en dépit de la loi de 2005, et n’a pas pris d’actions contre les autorités qui ont refusé de mener l’enquête sur ces cas », déplore le rapport, qui évoque de « faibles efforts pour identifier les responsables d’abus ».
La loi de 2005 prévoit pourtant 5 à 10 ans de prison et une amende pour le trafic sexuel et le trafic d’êtres humain, et des peines de 2 à 5 ans pour les crimes de mendicité forcée, avec des amendes maximales de 500 000 FCfa.
Au cours de l’année, le gouvernement a rapporté au moins 14 enquêtes liées à des trafics, a poursuivi 19 trafiquants présumés, 12 personnes ont été condamnées, mais aucune pour mendicité forcée.
Dans une enquête conjointe de 2019 des organisations Plateforme pour la promotion et la protection des droits humains et Human rights watch, des chercheurs évaluaient pourtant à 16 le nombre d’enfants talibés morts entre 2017 et 2018, « des suites de passages à tabac, d’actes de négligence ou d’une mise en danger par certains maîtres coraniques dans leurs écoles ».
« Quand les autorités ont identifié des cas potentiels de mendicité forcée, ils ont souvent édicté des amendes administratives contre les suspects, au lieu de mener des enquêtes criminelles et de poursuivre les personnes mises en cause, en partie à cause de la pression publique, liée à l’influence des maîtres coraniques dans la société », fait valoir le rapport.
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