Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, ainsi que le président turc Recep Tayyip Erdogan doivent rencontrer, jeudi 18 août, à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Au cours de cette rencontre, seront discutées les exportations de céréales ukrainiennes, mais aussi la situation dans la centrale nucléaire de Zaporijjia, aux mains de l’armée russe et visée par des bombardements. L’Otan réclame une inspection de l’Agence internationale de l’énergie atomique, mais cette dernière n’est possible que si Moscou donne son aval.
C’est une rencontre aux enjeux multiples qui doit se dérouler dans la ville de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine.
Si l’accord du 22 juillet sur l’exportations de céréales signé à Istanbul entre Moscou et Kiev, sous l’égide des Nations unies et de la Turquie, n’a pas fait taire les violences en Ukraine, il a permis de sécuriser le départ de 25 navires chargées de denrées via trois ports ukrainiens.
À Yuzhne, dans le sud du pays, le premier navire humanitaire de l’ONU, chargé de 23 000 tonnes de blé, a pu partir mardi 16 août en direction de la corne de l’Afrique.
Mais il faut accélérer le rythme. Alors que la moisson a commencé en Ukraine, des millions de tonnes de céréales sont encore stockées dans les centaines de silos à travers le pays.
Cinq navires céréaliers de plus attendus
Les autorités ukrainiennes ont annoncé mercredi 17 août attendre cinq navires de plus dans le port de Chornomorsk. Avec plus de 70 000 tonnes de produits agricoles, il s’agirait du plus gros convoi observé depuis l’accord.
Le ministre des Infrastructures ukrainien espère qu’à ce rythme, ils s’approcheront des volumes d’avant-guerre, soit cinq millions de tonnes par mois.
C’est dans le premier port d’Ukraine, Odessa, que les trois dirigeants devraient aller constater par eux-mêmes l’efficacité du dispositif vendredi 19 août. Avant que le secrétaire général de l’ONU se rende samedi à Istanbul pour visiter le centre de coordination où siègent des représentants de l’Ukraine de la Russie, ainsi que de la Turquie et de l’ONU.
Un accord sur la centrale nucléaire de Zaporijjia ?
Après ce premier accord sur les exportations de céréales, Antonio Guterres et Recep Tayyip Erdogan vont vouloir aborder la question nucléaire qui inquiète plus que jamais la communauté internationale.
C’est le sujet le plus important et le plus urgent à régler si l’on en croit les déclarations de nombreux dirigeants, à l’image du secrétaire général de l’Otan, qui réclamait ce mercredi une inspection de la centrale nucléaire par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
La demande a été accepté par les autorités ukrainiennes comme l’a annoncé le président Volodymyr Zelensky :
« Les diplomates ukrainiens, nos scientifiques nucléaires et l’AIEA sont en contact permanent, ils travaillent maintenant à l’envoi de la mission de l’AIEA à la centrale nucléaire de Zaporijjia. Seules une transparence et un contrôle absolus de la situation de la centrale nucléaire et de ses environs peuvent garantir un retour progressif à une sûreté nucléaire normale pour l’État ukrainien, pour la communauté internationale et pour l’AIEA. »
Mais même si le président ukrainien a donné son aval pour une telle inspection, c’est Moscou qui aura le dernier mot : ce sont les troupes de l’armée russe qui occupent la plus grande centrale nucléaire d’Europe. Le Kremlin ne s’est pas encore exprimé, mis à part pour dire que l’Ukraine préparerait « une provocation retentissante » à la centrale nucléaire pour ce jeudi.
Moscou attend des contreparties concrètes pour un accord
Les Nations unies et surtout la Turquie semblent les seuls acteurs en mesure d’obtenir des avancées avec Kiev et Moscou. Il ne serait donc pas surprenant que des discussions pour trouver un accord avec les deux pays se tiennent concernant la centrale de Zaporijjia.
Les discussions s’annoncent compliquées pour qu’un accord soit trouvé, à moins qu’Antonio Guterres et Recep Tayyip Erdogan ne parviennent à négocier des contreparties à même de satisfaire la Russie.
Car Vladimir Poutine ne fera rien s’il n’obtient pas quelque chose en échange : Antonio Guterres et Recep Tayyip Erdogan vont donc devoir obtenir des contreparties de la part de Volodymyr Zelensky.
La Crimée en question à nouveau
La question de la Crimée devrait également être abordée, puisqu’elle fait désormais l’enjeu de nouvelles tensions entre Kiev et Moscou.
Cette rencontre doit aussi permettre à l’ONU de retrouver son rôle et sa stature dans un conflit qui dure depuis maintenant près de six mois.