UNE BAISSE DE MOITIÉ DES IMPÔTS SUR LES ACTIVITÉS DE RAFFINAGE, REMÈDE À UNE HAUSSE ÉVENTUELLE DES COURS DU PÉTROLE (DPEE)

L’économie sénégalaise pourrait potentiellement faire face à une hausse de 20 % du prix du baril de pétrole si les pouvoirs publics consentaient à réduire de 50 % l’impôt sur les activités le raffinage ou à baisser de 40 % les taxes à l’importation des produits pétroliers, a indiqué une étude de la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE).

L’étude intitulée ‘’La résilience de l’économie sénégalaise : Quelles politiques publiques en réponses aux chocs exogènes ?’’, réalisée en décembre, a notamment été récemment mise en ligne sur le site de la structure.

Elle a permis d’identifier ‘’les principaux risques’’ pesant traditionnellement sur les performances économiques du Sénégal et de ‘’proposer des solutions de politiques économiques pour y faire face’’.

’’Les données historiques renseignent que l’économie sénégalaise serait vulnérable aux fluctuations du prix du baril, aux variations pluviométriques et dans une moindre mesure à celles des prix mondiaux à l’exportation des matières premières’’, mentionnent les auteurs de l’étude.

Selon le document consulté par l’APS, ‘’les résultats montrent que les effets d’une hausse du prix du baril de pétrole de 20% pourraient être sensiblement contrés à court terme par un allègement de la fiscalité frappant les activités de raffinage’’.

Concrètement, l’étude préconise ‘’une réduction de 50% de l’impôt sur les activités de Raffinage ou de 40% des taxes à l’importation des produits pétroliers’’.

Les auteurs de l’étude suggèrent, à long terme, des mesures structurelles notamment l’accroissement des investissements publics dans le raffinage de 83% avec une efficience de 50% pour stimuler la productivité et le renforcement des capacités de raffinage et booster les exportations.

Ils signalent en outre que les récentes découvertes de pétrole et de gaz devraient permettre de dégager plus de marge financière pour la restructuration de la SAR et la diminution de la facture des importations’’.

Le document souligne par ailleurs, qu’un choc de pluviométrie de 36 % pourrait être amorti par des investissements publics dans la maîtrise de l’eau à hauteur de 18 % des dépenses en capital.

‘’Cet effort serait réduit à 16 % des dépenses en capital si l’efficience des investissements publics dans l’agriculture est estimée à 75%. Une autre solution envisagée pour faire face au choc de pluviométrie consisterait à opter pour une diversification des investissements publics’’, lit-on dans le document.

L’étude suggère une hausse des dépenses en capital dans les secteurs de l’agroalimentaire (65%), la chimie (20%) et la construction (20%).

Elle souligne qu’avec une efficience de 75%, ‘’les accroissements des investissements publics nécessaires pour éliminer l’effet du choc de pluviométrie seraient réduits à 40% pour l’agroalimentaire et 10% pour les deux autres secteurs’’.

D’après les auteurs, ‘’une amélioration des prévisions de pluviométrie devrait permettre une meilleure anticipation d’éventuels chocs pour pouvoir apporter les réponses appropriées’’.

Ils ajoutent que ‘’les efforts régulièrement menés par les pouvoirs publics notamment dans la modernisation de l’agriculture, la distribution d’intrants et de semences adaptées, sont également à encourager’’.

Selon eux, ‘’des investissements dans la gestion et l’extraction de l’eau ainsi que dans des infrastructures de drainage et stockage des eaux pluviales sont nécessaires pour assurer une résilience de l’agriculture’’.

L’étude suggère en fin ‘’un changement structurel de l’économie par une amélioration de 4% de la productivité de l’agriculture et du secondaire à long terme pour faire face notamment aux fluctuations défavorables des prix des matières premières et diversifier la production’’.

Elle indique que l’Etat ‘’gagnerait par ailleurs à définir une politique industrielle agroalimentaire claire en accompagnant le financement des investissements dans la transformation des produits primaires à travers les mécanismes de financement en place tels que le Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques (FONSIS), le Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP) et la Banque Nationale pour le Développement Economique (BNDE) pour diversifier les produits et augmenter leur valeur ajoutée’’.

Pour les auteurs, ‘’le développement de l’industrie agroalimentaire et les chaines de valeur agricoles devraient offrir plus de possibilités de substitution aux produits étrangers et aider à faire face aux renchérissements des prix mondiaux’’.

Cette option devrait également contribuer à ‘’renforcer le poids du secteur secondaire dans le processus actuel de transformation structurelle de l’économie prévu par le premier axe du PSE’’, ajoutent-ils, invitant l’Etat à ‘’hâter la réforme consacrant les budgets de programme pour améliorer sensiblement l’efficience des investissements publics’’.

Ils soulignent également que les progrès en matière d’amélioration de l’environnement des affaires ‘’doivent être consolidés en levant notamment les contraintes liées à l’accès au financement et au déficit infrastructurel pour une meilleure contribution du secteur privé au développement’’.

Le document suggère une poursuite des efforts en matière de mobilisations des ressources pour ‘’un déploiement efficace de l’instrument budgétaire’’.

Il recommande ‘’une mise en œuvre des programmes d’investissement du PSE sans retards’’ et indique qu’en définitive, ‘’le recours aux dépenses publiques d’investissement donne de meilleurs résultats sur la croissance en cas de chocs exogènes comparé à une politique basée sur des allègements fiscaux’’.

Relevant que dans la pratique, la mobilisation systématique de telles ressources ‘’peut présenter des difficultés’’, l’étude recommande la mise en place d’un mécanisme à l’image du FONSIS ‘’qui serait alimenté en période de conjoncture favorable et dont les ressources pourraient être déployées pour mettre en œuvre les mesures préconisées en cas de chocs’’.