Un tour au marché Gueule Tapée de Camberène permet de dissiper les habituelles appréhensions de veille de Korité sur l’approvisionnement en légumes et condiments. Le marché en est pourvu à profusion.
Implanté à environ 3 km du croisement Cambèrène, le marché Gueule Tapée grouille de monde en ce samedi matin. Une routine de veille de Korité ! Ce « souk » à ciel ouvert est le point de convergence des Dakarois à la recherche de légumes frais à bon prix. « Je viens ici parce qu’on trouve tout ce que l’on cherche et à moindre coût », déclare Sokhna Rama Dièye. Petit sac à la main et toute heureuse, elle fréquente ce lieu de transactions depuis plusieurs années. A ses pieds, deux sacs remplis, l’un d’oignon, l’autre de pomme de terre. Tout autour, une interminable enfilade d’étals dessine un décor à la fois attrayant et rebutant. Aucun espace vide ! Tout est occupé ! Les trottoirs sont envahis, la voie publique submergée. Il faut jouer des coudes pour entrevoir l’horizon. « Depuis pratiquement une semaine, c’est la même affluence, la même ambiance. Et c’est naturellement bien pour nous », jubile presque Baba Ndao, un commerçant. Dans son commerce de gros, l’odeur de l’oignon est piquante et pourtant, comme si de rien n’était, les marchandages vont bon train. Les clients rivalisent d’ardeur et d’enthousiasme. Chaque camion déchargé s’efface pour laisser la place à un autre. Des tonnes d’oignon sont empilées sur le sol. Les charretiers et autres petits engins prennent ensuite le relai pour le transport vers des magasins visiblement pleins. Le même travail à la chaîne est effectué juste en face sur l’espace réservé à l’autre produit vedette : la pomme de terre. Et puis le reste du décor, au grand bonheur des clients et à la circonspection des commerçants, est meublé par toutes sortes de légumes et de condiments : chou, carotte, poivron, tomate, navet…
Crainte de mévente
Le marché est bien approvisionné. De l’oignon et de la pomme de terre, il y en aura suffisamment pour la fête de la Korité. Et cela affecte logiquement les prix qui sont abordables. A notre passage au marché Gueule Tapée samedi dernier, le kilogramme d’oignon s’échangeait à 250 FCfa, celui de la pomme de terre à 325 FCfa, à la grande satisfaction des clients. « On ne peut pas trouver mieux », se réjouit Yacine Top. « Ce sont des prix raisonnables », renchérit Abdoulaye Seck. Du côté des commerçants, on craint toutefois une mévente. « Le stock à écouler est énorme. C’est environ 2000 tonnes », renseigne Babacar Dionne, un des responsables du marché. Il fait savoir qu’une réunion s’est récemment tenue entre commerçants pour inviter les producteurs à ne plus convoyer de l’oignon et de la pomme de terre vers Dakar. « Nous leur avons demandé de retenir une partie de leur production dans les champs parce qu’on risque d’être confronté à un problème de place », craint-il, visiblement préoccupé. La peur de ne pas pouvoir écouler la montagne d’oignon et de pomme de terre trouvée sur place est bien réelle. Toujours est-il que l’Agence de régulation des marchés (Arm) entend jouer son rôle. Elle veille au grain et a même averti. « On exerce une surveillance sur l’évolution des prix de l’oignon et de la pomme de terre aussi bien à Dakar qu’à l’intérieur du pays », assure Babacar Sembène, directeur de l’exploitation de l’Arm qui se réjouit du bon approvisionnement du marché à l’approche de la fête de la Korité.