Le président américain Joe Biden a affirmé que les troupes américaines défendraient Taïwan en cas d’invasion chinoise, lors d’une interview diffusée dimanche. Il a également dit avoir prévenu son homologue chinois Xi Jinping d’un risque de fuite des investisseurs américains si Pékin violait les sanctions imposées à la Russie à cause de son invasion de l’Ukraine.
De quoi mettre de l’huile sur le feu sur les relations déjà extrêmement tendues qu’entretiennent les Etats-Unis et la Chine. Interviewé ce dimanche sur la chaîne CBS, Joe Biden a indiqué que des forces américaines défendraient Taïwan en cas d’invasion de l’île par la Chine communiste. Répondant à la question de savoir si l’armée américaine défendrait Taïwan en cas d’invasion chinoise, le président américain a répondu : « Oui, s’il y avait une attaque sans précédent. » Fin mai, il avait déjà dit la même chose avant de revenir en arrière
Joe Biden avait déjà agacé Pékin en affirmant fin mai que les Etats-Unis interviendraient militairement pour soutenir Taïwan en cas d’invasion par la Chine communiste. Il était revenu ensuite en arrière, affirmant son attachement à « l’ambiguïté stratégique », un concept volontairement flou qui gouverne la politique taïwanaise de Washington depuis des décennies, puisqu’il consiste pour les Etats-Unis à s’abstenir de dire s’ils interviendraient ou non militairement pour défendre Taïwan en cas d’invasion. Ce qui a permis de maintenir jusqu’ici une certaine stabilité dans la région.
Lors de son interview, le président des Etats-Unis a souligné qu’il n’était pas en train « d’encourager » l’île à déclarer son indépendance formelle. « C’est leur décision » » a-t-il déclaré. Les Etats-Unis ne reconnaissent officiellement qu’un seul gouvernement chinois, celui de Pékin, tout en se gardant d’approuver la position de Pékin estimant que Taïwan est une partie inaliénable de la Chine unique.
La Chine estime que Taïwan, peuplée de quelque 23 millions d’habitants, est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. En sept décennies, l’armée communiste n’a jamais pu conquérir l’île, laquelle est restée sous le contrôle de la République de Chine – le régime qui gouvernait jadis la Chine continentale et ne gouverne plus aujourd’hui que Taïwan.
Biden alerte Xi sur une violation des sanctions imposées Moscou
Par ailleurs, le président américain a dit avoir prévenu son homologue chinois Xi Jinping d’un risque de fuite des investisseurs si Pékin violait les sanctions imposées à la Russie à cause de son invasion de l’Ukraine. Dans son interview, Joe Biden a indiqué qu’au cours d’un entretien téléphonique, il avait expliqué au président chinois que violer les sanctions serait « une erreur gigantesque », précisant qu’il n’y avait aucune indication pour le moment que la Chine ait soutenu activement l’effort de guerre russe en lui fournissant des armes.
« J’ai appelé le président Xi – pas du tout pour menacer, juste pour lui dire (…) que si vous pensez que les Américains et d’autres vont continuer à investir en Chine alors que vous violez les sanctions imposées à la Russie, je crois que vous faites une erreur gigantesque », a déclaré Joe Biden.
« Pour le moment, il n’y a aucune indication qu’ils (les Chinois) aient proposé des armes ou d’autres choses dont la Russie a besoin », selon le président américain.
Il a aussi écarté l’idée que l’alliance entre la Chine et la Russie implique que les Etats-Unis mènent un nouveau genre de guerre froide. « Je ne crois pas que ce soit une guerre froide nouvelle ou plus compliquée », a-t-il jugé.
Entretien Xi Jinping-Poutine
Ces propos interviennent alors que la Chine et la Russie se rapprochent. Jeudi dernier, le président chinois Xi Jinping a indiqué à son homologue russe Vladimir Poutine que son pays était prêt à travailler avec Moscou pour un soutien mutuel de leurs « intérêts fondamentaux », a rapporté un média d’Etat chinois. Les deux hommes se sont vus jeudi en marge d’un sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) en Ouzbékistan, leur première rencontre depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, et la première sortie à l’étranger du président Xi depuis les débuts de la pandémie de coronavirus. Les relations Pékin-Moscou étaient tumultueuses durant la Guerre froide, mais les deux voisins se sont nettement rapprochés ces dernières décennies pour faire front commun face à l’influence des Etats-Unis. La Chine se refuse ainsi depuis l’intervention du 24 février à employer le mot « invasion » pour décrire les opérations militaires lancée par Moscou en Ukraine. Le pouvoir chinois n’a par ailleurs jamais condamné l’invasion russe, et rejette la faute du conflit sur les Etats-Unis et l’Otan.
« La Chine est disposée à travailler avec la Russie à un soutien ferme et mutuel sur les questions liées aux intérêts fondamentaux de chacun, et approfondir la coopération pratique en matière de commerce, d’agriculture, de connectivité et d’autres domaines », a affirmé Xi Jinping à Vladimir Poutine. Au début de leur entretien, l’homme de fort de Pékin avait suggéré à son homologue que Chine et Russie devaient assumer leur responsabilité de « grandes puissances ».
Pékin et Moscou doivent « jouer un rôle de premier plan et injecter de la stabilité et de l’énergie positive dans un monde parcouru par le chaos », avait-il ajouté.
LATRIBUNE.FR