«Gilets jaunes»: les mesures sécuritaires du gouvernement peinent à convaincre

Deux jours après les violences qui ont émaillé l’acte XVIII des « gilets jaunes » à Paris, le Premier ministre français Edouard Philippe a annoncé ce lundi 18 mars une série de mesures, mais pas de quoi satisfaire l’opposition politique.

L’exécutif tente de reprendre la main après les violences qui ont émaillé l’acte XVIII des « gilets jaunes », samedi 16 mars. Limogeage du préfet de police de Paris, manifestations interdites en cas de présence de casseurs, hausse des amendes en cas de participation à un rassemblement prohibé.

Le Premier ministre Edouard Philippe a délivré un message de fermeté lundi lors d’une conférence de presse à Matignon. Mais pour le député de La France insoumise, Eric Coquerel, le gouvernement se trompe dans son diagnostic et dans les remèdes qu’il entend apporter à la crise.

La France Insoumise réclame un « retour aux urnes »

« Quiconque a vu ce qui s’est passé ce week-end et depuis des semaines voit qu’il y a une telle colère, une telle exaspération qu’on a des milliers de personnes dans ce pays qui se disent « après tout on ne nous écoute pas quand on est pacifiques, il faut passer à autre chose ». On voit bien qu’il y a une espèce de ras-le-bol qui agite vraiment beaucoup de nos concitoyens qui ne se résout pas en pensant qu’on va juste en finir avec les violences en arrêtant quelques bandes organisées. Ce n’est pas ça la question. Si c’était ça, je pense qu’il y a longtemps que les forces de police y seraient arrivées. On voit bien que c’est autre chose qui est en question », affirme Eric Coquerel joint par RFI.

Pour le député LFI, la réponse ne peut être que politique : « Le reste ne sera que toujours plus de répression qui à mon avis provoquera une escalade toujours plus forte. Il serait beaucoup plus d’actualité, si on voulait vraiment régler les choses et faire baisser la tension, c’est la dissolution. La seule façon de résoudre les choses, c’est le retour aux urnes ».

« Rien de vraiment nouveau » pour Les Républicains

Le Premier ministre n’a pas convaincu davantage Eric Ciotti. « Monsieur Philippe nous dit qu’il veut que la loi anti-casseurs s’applique vite. Le président de la République en la déférant devant le Conseil constitutionnel n’a fait que retarder son application, dénonce le député Les Républicains. Donc là encore, c’est un double langage. Quant au reste, il n’y a rien de vraiment nouveau. »

« On nous dit d’augmenter les amendes, poursuit-il. Il faudrait que tout cela devienne beaucoup plus ferme. On ne met pas en œuvre l’état d’urgence qui aurait permis d’interdire aux manifestants certaines manifestations, de procéder à des assignations en résidence contre des personnes connues et dangereuses, d’interdire totalement les manifestations. Donc rien de vraiment nouveau si ce n’est une petite tentative de diversion politicienne. »

Nouvelles manifestations en vue

Pour les premiers concernés en revanche, ces mesures ont un réel impact que Jérôme Rodrigues, témoin « gilet jaune », qualifie de liberticide. « Ce qu’ils sont en train de mettre en place, « le process » sur les prochaines manifestations, c’est simplement encore des « process » liberticides pour nous empêcher de manifester, condamne cette figure du mouvement sur RFI. Du moment où ils vont voir apparaître deux casseurs, d’interdire dès qu’ils verront deux « gilets jaunes », ils interdiront la manifestation quoi qu’il arrive. »

L’interdiction de manifester en cas de présence de casseurs ne l’inquiète pas. Pour lui, la stratégie du mouvement s’adaptera naturellement en conséquence. « L’adaptation de notre stratégie sera faite en groupes avec les différents protagonistes du mouvement, et sur tout le mouvement, car je vous rappelle qu’il n’y a aucun leader, ni aucun porte-parole, que c’est le mouvement et la base qui décident de ce qu’il y a à faire, et que moi et mes collègues, nous sommes de simples relayeurs des actions qui peuvent être menées à l’échelle nationale et à l’échelle parisienne sur les manifestations », explique-t-il.

D’autres manifestations sont donc à prévoir samedi 23 mars et au-delà, « tant qu’on ne sera pas écouté », souligne Gérôme Rodriguez, ajoutant qu’après la manifestation de samedi, « il ne faut pas s’étonner qu’au fur et à mesure de la violence gouvernementale que nous subissons, qu’à un moment donné le mouvement se radicalise et adapte une certaine violence ».

Certaines mesures saluées par l’Union des policiers nationaux indépendants

Pour leur part, si les syndicats de police se montrent peu convaincus par l’utilisation de drones ou par l’augmentation des contraventions pour les participants à des manifestations non-autorisées, la mise en place d’un commandement unifié va dans le bon sens, selon Jean-Pierre Colombies, porte-parole de l’Union des policiers nationaux indépendants.

 

Rfi