Télécoms: la Chine et Huawei dans le viseur du président américain

Donald Trump interdit aux entreprises américaines de télécoms de se fournir auprès de sociétés étrangères désignées comme « à risque » par les États-Unis. En pleine guerre commerciale avec Pékin, le décret signé mercredi 15 mai par le président américain cible la Chine et en particulier son fleuron technologique Huawei, accusé d’espionnage depuis des mois par les autorités américaines. Pékin met en garde Washington contre « une atteinte » aux relations commerciales.

C’est l’action la plus radicale menée par l’administration Trump contre la technologie chinoise, secteur au cœur de sa guerre commerciale avec Pékin. Le décret signé par le président américain ce mercredi interdit aux entreprises américaines de télécoms de se fournir auprès de sociétés étrangères à risque sans l’accord du gouvernement. Or, le même jour, le département du Commerce annonçait le placement sur la liste des compagnies à risque du géant chinois des télécoms Huawei.

« Cela, explique le secrétaire au Commerce William Bur, évitera à la technologie américaine d’être utilisée par des entités appartenant à des puissances étrangères pour saper la sécurité nationale américaine. » La Maison Blanche fait même de ces menaces une urgence nationale et justifie ces restrictions en évoquant des actes d’espionnage, de la part d’adversaires étrangers qui exploitent les vulnérabilités des infrastructures technologiques américaines.

La Chine parle ce jeudi d’une « atteinte » aux relations commerciales. « Nous exhortons les Etats-Unis à mettre fin à leurs actions incorrectes (…) pour éviter de nuire davantage aux relations économiques et commerciales », a réagi lors d’une conférence de presse un porte-parole du ministère chinois du Commerce, Gao Feng. Quant à Huawei, l’entreprise dénonce des « restrictions déraisonnables qui empiéteront sur (ses) droits » et ne feront que « cantonner les Etats-Unis à des alternatives inférieures et plus coûteuses » en matière de 5G, le groupe se présentant comme « le leader sans rival de la 5G ».

Aux yeux de Pékin, il s’agit en fait d’un prétexte. La Chine dénonce un abus de pouvoir destiné uniquement à écarter les entreprises chinoises de la libre-concurrence. Depuis des mois, le gouvernement, mais aussi le Congrès américain et la CIA, accusent Huawei d’espionnage au profit des autorités de Pékin. Les États-Unis ont également exclu la firme du déploiement 5G sur leur sol et menacent leurs alliés de ne plus leur fournir de renseignements s’ils collaborent avec une entreprise chinoise pour développer leur propre réseau 5G.

rfi