Un an jour pour jour avant le Brexit, le monde des affaires est toujours inquiet alors que de nombreux problèmes n’ont pas encore trouvé de solutions. Face à un gouvernement britannique qui laisse des interrogations pressantes sans réponse, beaucoup de compagnies choisissent de délocaliser, mais d’autres patrons de structures plus petites hésitent, comme cette chef d’entreprise française installée depuis une vingtaine d’années au Royaume-Uni. Rencontre lors d’un récent forum d’information organisé par les Remainers à destination des expatriés européens.
Avec notre correspondante à Londres,Muriel Delcroix
Muriel Esposito gère une petite entreprise d’étude de marchés et d’innovation installée à Ashford dans le Kent. Cette société réalise une grande partie de son chiffre d’affaires avec des clients européens et la jeune femme se demande si elle devrait ouvrir une succursale dans un pays des 27 pour éviter les tracas que connaissent les pays en dehors de l’Union : « J’ai eu par le passé l’occasion de faire des projets avec la Norvège qui requiert beaucoup plus de logistique, dès qu’on veut envoyer quelque chose il y a beaucoup plus de papiers à remplir, les paiements ne sont pas soumis aux mêmes règlements, bref, il y a tout un tas de petits problèmes qui en soi ne sont pas insurmontables, mais à partir du moment où je fais 60% de mon chiffre d’affaires en Europe je n’ai pas envie de passer 60% du temps dans l’entreprise à faire ce genre de choses. »
Malgré ce dilemme Muriel Esposito ne songe nullement à partir et a d’ailleurs obtenu la double nationalité, mais elle regrette le flou entretenu par le gouvernement britannique, et ce en dépit de l’accord de transition annoncé en grande pompe il y a quelques jours, car Bruxelles et Londres ne cessent de répéter que « rien n’est acquis tant que tout n’est pas acquis ». Méfiantes, les grandes entreprises installées au Royaume-Uni ont déjà pris leurs précautions, 51% d’entre elles ont activé des plans d’urgence et vont transférer du personnel sur le continent.
RFI