Si les députés britanniques ont soutenu ce mardi 22 octobre l’accord de Brexit décroché par Boris Johnson sur le principe, ils ont refusé l’examen accéléré du texte voulu par le Premier ministre, compromettant les chances d’une sortie avec un accord le 31 octobre.
Il n’y aura pas de Brexit pour Halloween. Les choses avaient pourtant bien commencé pour Boris Johnson. Par 329 voix contre 299, les députés britanniques ont adopté l’accord de sortie de l’UE conclu jeudi 17 octobre à Bruxelles. Pour la première fois depuis 2016 et la victoire du « non » au référendum, le Parlement approuvait ainsi un texte lié au Brexit. Un cap significatif , là où Theresa May avait échoué trois fois.
Mais la satisfaction de Boris Johnson n’aura été que de courte durée. Quelques minutes plus tard, par 322 voix contre et 308 pour, les députés ont donc rejeté le calendrier proposé par son gouvernement, qui prévoyait une approbation de la loi d’application de l’accord d’ici à jeudi soir. Un délai jugé trop court par une majorité de parlementaires pour examiner minutieusement un texte de 110 pages. Résultat, le sort du Brexit est dans les limbes.
« Je ne peux qu’exprimer ma déception face à la décision de la Chambre de voter une fois encore pour un report plutôt que pour un calendrier qui aurait garanti au Royaume-Uni la possibilité de quitter l’UE le 31 octobre avec un accord, a déclaré le Premier ministre. Nous faisons face désormais à une incertitude accrue. » Conclusion, il dit n’avoir d’autre choix que d’intensifier les préparatifs en cas de « no deal ».
M. Johnson a par ailleurs annoncé qu’il suspendait l’examen de l’accord conclu avec Bruxelles par le Parlement jusqu’à ce que l’Union européenne prenne une décision sur un report de la date du divorce. « En attendant leur décision, nous allons suspendre cette législation », a-t-il déclaré devant la Chambre des communes. « Mais d’une manière ou d’une autre, nous quitterons l’UE, avec cet accord, auquel cette Chambre vient juste de donner son consentement. »
En omettant dans cette dernière phrase hésitante de mentionner le 31 octobre, le dirigeant conservateur a de façon implicite accepté que sa promesse répétée à l’envi depuis des mois ne serait pas respectée, souligne notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix. C’est cette promesse qui l’a porté au pouvoir, et c’est aussi cette volonté inflexible d’obliger le Parlement à adopter en trois jours toute la législation pour appliquer cet accord qui vient de lui faire perdre son pari.
Downing Street persiste à dire qu’en cas de report du Brexit, sa préférence est la tenue d’élections anticipées pour laisser les électeurs trancher. Mais là non plus, ce n’est pas en son pouvoir : il faut que l’opposition accepte et surtout que les européens accordent un report suffisamment long jusqu’en janvier.
Brexit: les cinq scénarios pour la suite
Le président du Conseil européen Donald Tusk a recommandé aux Vingt-Sept d’accepter un nouveau report de la date de sortie du Royaume-Uni. « Je recommande aux dirigeants des 27 membres de l’Union européenne d’accepter la demande britannique pour un nouveau report de la date de sortie et je propose que cela soit décidé par procédure écrite », sans besoin de convoquer un sommet, a-t-il déclaré sur Twitter.
Prêt à un report « purement technique de quelques jours » afin que la procédure parlementaire puisse s’achever à Londres, Paris a en revanche répété son opposition à une prolongation destinée à « rediscuter de l’accord ». « Nous ne changeons pas de position », a insisté devant le Sénat la secrétaire d’État aux Affaires européennes Amélie de Montchalin.
Rfi