Canada: vers un second mandat sans majorité pour le Premier ministre Trudeau

Comme le prévoyaient les sondages, le Parti libéral au pouvoir n’a pas fait élire assez de députés pour s’imposer comme un parti majoritaire d’après les projections. Son chef Justin Trudeau reste Premier ministre, mail il devra solliciter l’appui d’autres partis politiques à certaines occasions.

Les chaînes canadiennes n’ont pas prédit l’ampleur de la victoire de M. Trudeau, 47 ans, face aux conservateurs d’Andrew Scheer, 40 ans. Les deux partis étaient donnés au coude-à-coude par tous les derniers sondages.

Si ces projections se confirment, le Québecois Justin Trudeau aura remporté son pari d’obtenir un deuxième mandat, malgré les nombreux scandales qui ont marqué ses quatre années passées au pouvoir.

Mais il ressort affaibli de ce scrutin, et devra donc trouver l’appui de plus petits partis à la Chambre des communes pour se maintenir. À la dissolution de la chambre actuelle, les libéraux bénéficiaient d’une majorité absolue des voix, avec 177 sièges sur 338.

Le système électoral canadien prévoit qu’un Premier ministre sortant peut rester en poste même si son parti n’obtient pas la majorité des sièges, tant qu’il réunit une majorité lors des votes de confiance à la Chambre des communes.

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Alliances à prévoir

Dès ce mardi 22 octobre, le dirigeant libéral pourrait donc entamer des discussions avec ces plus petits partis en vue d’une alliance. Le premier test du futur gouvernement sera le discours du Trône, au cours duquel le gouvernement soumet au vote du Parlement son programme législatif.

M. Trudeau devrait notamment se rapprocher du Nouveau Parti démocratique (NPD, gauche), de Jagmeet Singh, l’une des révélations de ces élections, ou du Bloc québécois, formation indépendantiste dirigée par l’autre révélation de la campagne, Yves-François Blanchet.

C’est justement la renaissance du Bloc qui a certainement privé le Parti libéral de sa majorité, explique notre correspondante au Québec, Pascale Guéricolas.

Quasiment moribonde il y a quatre ans, cette formation qui n’existe qu’au Québec a repris espoir avec un nouveau chef, bien décidé à faire valoir les intérêts de la province francophone.

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Aucun taux de participation n’a été publié. Quelque 4,7 millions d’électeurs avaient voté par anticipation, de vendredi à lundi de la semaine dernière, un chiffre en forte hausse par rapport à 2015.

S’approchant de la cinquantaine, Justin Trudeau n’a plus les atouts de la jeunesse et de la nouveauté qui avaient contribué à le porter au pouvoir, à la surprise générale, en 2015 face au conservateur Stephen Harper.

Le dirigeant libéral termine son mandat affaibli par plusieurs scandales. Sa popularité a chuté après une affaire d’ingérence politique dans une procédure judiciaire, et la publication en pleine campagne de photos où il est grimé en Noir (blackface) a brouillé son image.

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Tout au long de la campagne, il a défendu son bilan : économie solide, cannabis légalisé, taxe carbone, accueil de dizaines de milliers de réfugiés syriens, accords de libre-échange signés avec l’Europe ou les États-Unis et le Mexique.

Gouverner le Canada s’annonce cependant difficile. Justin Trudeau devra en effet concilier les intérêts de l’ouest et des régions dépendantes du pétrole et du gaz, avec ceux de l’est plus favorables aux énergies renouvelables. Un grand écart qui va nécessiter beaucoup de doigté.

Je vois que les Québecois aussi, malgré ce qui a été dit, ont le désir d’être dans l’action, veulent être autour de la table au Conseil des ministres et pousser des valeurs qui sont fondamentalement québecoises par rapport à l’environnement, par rapport à l’égalité hommes-femmes, par rapport au droit des femmes de choisir

rfi