La guerre, c’est aussi celle de l’information. Depuis une dizaine de jours, trois quotidiens nordiques ont décidé de s’adresser au lectorat russe en traduisant leurs articles sur la guerre en Ukraine dans leur langue, et de les mettre en commun. Il s’agit du suédois « Dagens Nyheter », du finnois « Helsingin Sanomat », et du danois « Politiken ». L’objectif est simple : montrer qu’il y a une alternative à la propagande orchestrée par le Kremlin.
Avec notre correspondant à Stockholm, Frédéric Faux
« Là, à la une de notre page web, vous avez les nouvelles en russe, avec des reportages faits en Ukraine » : dans les locaux du quotidien Dagens Nyheter, à Stockholm, Martin Jönsson est chargé de ces pages en russe. Le même travail est fait par ses collègues en Finlande et au Danemark, qui alimentent le site quotidiennement avec trois à cinq nouveaux articles. Il s’agit toujours de reportages, d’articles factuels, et pas d’éditoriaux.
Alors que le Kremlin ferme des médias indépendants, et que des centaines de journalistes fuient leur pays, Martin Jönsson estime qu’il était essentiel de proposer cette autre source d’information. Pour les Russes, mais aussi pour la profession :
C’est pour défendre la liberté de la presse, s’assurer que si vous faites taire un journaliste dans un pays, ses collègues ailleurs dans le monde vont prendre le relais. C’est pour qu’il soit impossible d’interrompre l’information.
La première semaine, 250 000 pages ont été lues depuis la Russie, un chiffre sans doute bien inférieur à la réalité, car il ne compte pas les nombreux Russes qui se connectent en utilisant les connexions privées appelées VPN ou autres astuces pour contourner la censure. Mais le plus parlant, pour Martin Jönsson, ce sont les commentaires :
« On voit clairement l’impact avec de nombreuses réactions de Russes, des gens qui nous remercient. »
Ces trois journaux nordiques ont aussi soutenu les journalistes ukrainiens en leur envoyant deux véhicules remplis de casques, de gilets par balle et de matériel audiovisuel.
rfi