La Chine a tiré de «multiples» missiles balistiques lors de ses grandes manœuvres, selon Taïwan

La Chine a tiré de «multiples» missiles balistiques lors de ses grandes manœuvres, selon Taïwan

L’armée chinoise a démarré, jeudi 4 août, les plus importantes manœuvres militaires de son histoire autour de Taïwan, une réponse musclée à la visite de la cheffe des députés américains, Nancy Pelosi, sur l’île. Les forces armées chinoises ont tiré de « multiples » missiles balistiques dans les eaux entourant Taïwan lors de leurs grandes manœuvres, a déclaré le ministère de la Défense de Taipei, condamnant des « actions irrationnelles qui minent la paix régionale ».

Si son déplacement sur ce territoire revendiqué par la Chine a duré moins de vingt-quatre heures, Mme Pelosi a déclenché la fureur de Pékin en étant la plus haute responsable américaine élue à se rendre à Taipei en 25 ans. Elle a martelé que les États-Unis n’abandonneraient pas l’île, dirigée par un régime démocratique et qui vit sous la menace constante d’une invasion par l’armée chinoise.

En réaction, Pékin a lancé à partir de jeudi midi (04h00 TU) de vastes manœuvres militaires dans six zones autour de Taïwan, au niveau de routes commerciales très fréquentées. « Les exercices commencent » et se poursuivront jusqu’à dimanche midi (04h00 TU), a indiqué la télévision publique chinoise CCTV dans un message sur les réseaux sociaux. « Pendant cette période, les navires et aéronefs concernés ne doivent pas pénétrer dans les eaux et les espaces aériens concernés. »

« Le ministère de la Défense nationale a déclaré que le Parti communiste chinois avait tiré de multiples missiles balistiques Dongfeng dans les eaux environnantes du nord-est et du sud-ouest de Taïwan à partir de 13h56 environ (05h56 TU) », a déclaré le ministère de la Défense de Taipei dans un bref communiqué.
À Pingtan, une île chinoise située près d’une des zones où se déroulent les manœuvres, des hélicoptères militaires ont survolé le ciel en direction du détroit de Taïwan, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse. Les reporters ont vu plusieurs projectiles, tirés à proximité d’installations militaires, s’envoler dans le ciel vers la mer, suivis de panaches de fumée blanche.

L’armée taïwanaise a, elle, indiqué « se préparer à la guerre sans chercher la guerre ». Selon le journal Global Times, qui cite des analystes militaires, les exercices sont d’une ampleur « sans précédent », car des missiles vont survoler Taïwan pour la première fois. « C’est la première fois que l’armée chinoise va lancer des tirs d’artillerie à munitions réelles et de longue portée au-dessus du détroit de Taïwan », souligne le quotidien, connu pour son ton nationaliste.

« Si les forces taïwanaises viennent volontairement au contact de (l’armée chinoise) et viennent à tirer accidentellement un coup de feu, (l’armée chinoise) répliquera avec vigueur et ce sera à la partie taïwanaise d’en assumer toutes les conséquences », a indiqué à l’AFP une source militaire anonyme au sein de l’armée chinoise.
*Les autorités de l’île ont dénoncé ce programme, soulignant qu’il menace la sécurité de l’Asie de l’Est. « Certaines des zones des manœuvres de la Chine empiètent sur […] les eaux territoriales de Taïwan », a déclaré Sun Li-fang, le porte-parole du ministère taïwanais de la Défense, fustigeant « un acte irrationnel visant à défier l’ordre international ».

Pour Pékin, ces exercices – ainsi que d’autres, plus limités, démarrés ces derniers jours – sont « une mesure nécessaire et légitime » après la visite de Mme Pelosi. « Ce sont les États-Unis qui sont les provocateurs, et la Chine qui est la victime. La Chine est en situation de légitime défense », a assuré à la presse Hua Chunying, une porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Les exercices visent à simuler un « blocus » de l’île et incluent « l’assaut de cibles en mer, la frappe de cibles au sol et le contrôle de l’espace aérien », a indiqué l’agence officielle Chine Nouvelle.

Si l’hypothèse d’une invasion de Taïwan, peuplée de 23 millions d’habitants, reste peu probable, elle s’est amplifiée depuis l’élection en 2016 de l’actuelle présidente Tsai Ing-wen. Issue d’un parti indépendantiste, Mme Tsai refuse, contrairement au gouvernement précédent, de reconnaître que l’île et le continent font partie d’ « une même Chine ».
L’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) a mis en garde ce jeudi contre les risques causés par les tensions autour du détroit de Taïwan, qui pourraient mener à des « erreurs de jugement, des confrontations sérieuses, des conflits et auraient des conséquences imprévisibles sur les grandes puissances ».

Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Asean ont publié un communiqué à l’issue d’une réunion organisée à Phnom Penh, lors de laquelle le Cambodge, pays hôte, a appelé à une désescalade des tensions autour de Taïwan.

La rencontre de Phnom Penh, à laquelle participent d’autres nations en plus des pays membres de l’Asean, dont notamment la Chine et les États-Unis, a été assombrie par le regain de tensions après la visite de Nancy Pelosi sur l’île. « L’Asean se tient prête à tenir un rôle constructif afin de faciliter un dialogue pacifique entre toutes les parties », a indiqué l’association.

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