Le chef de la diplomatie européenne souligne que la guerre en Ukraine a provoqué un changement tectonique de l’architecture de la sécurité européenne. Même si cette boussole stratégique n’est pas qu’une réaction à l’invasion russe, elle s’étend longuement sur la posture de défense de l’Union européenne face à la Russie. « L’Union européenne est en danger. L’agression de la Russie contre l’Ukraine n’est pas de la rhétorique et constitue un rappel à l’ordre », souligne Josep Borrell. Les Européens ont également préparé de nouvelles sanctions qui seront décidées avec le président américain Joe Biden lors d’un sommet extraordinaire de l’Otan jeudi 24 mars, suivi par une réunion des chefs d’État et de gouvernement de l’UE consacrée aux conséquences de la guerre menée par la Russie en Ukraine pour la sécurité en Europe. L’occasion aussi de travailler sur la question de l’embargo pétrolier, qui n’est pas résolue.
Le Japon a « fermement » protesté, mardi 22 mars, contre la décision de la Russie d’abandonner les négociations pour un traité de paix entre les deux pays en raison, selon Moscou, de la « position inamicale » de Tokyo sur le conflit en Ukraine. Les deux pays n’ont jamais signé de traité de paix à la fin de la Seconde Guerre mondiale à cause du contentieux lié aux îles Kouriles : annexées par l’Union soviétique en 1945, elles n’ont jamais été restituées au Japon, qui les considère comme « partie intégrante » de son territoire.
« Cette situation est (en fait) le résultat de l’agression russe en Ukraine », a déclaré le Premier ministre japonais Fumio Kishida devant le Parlement à Tokyo. « La tentative (russe) consistant à déplacer cette question vers les relations entre le Japon et la Russie est extrêmement injustifiée et absolument inacceptable », a-t-il ajouté.
Le Japon « proteste fermement », a lancé le dirigeant nippon en condamnant une nouvelle fois la Russie pour ses actions en Ukraine qui « changent le statu quo par la force, de manière unilatérale ».
Le Japon s’est joint aux pays occidentaux, ces dernières semaines, en prenant de lourdes sanctions économiques à l’encontre de Moscou pour son offensive en Ukraine, lancée le 24 février.
Moscou et Tokyo toujours officiellement en guerre
Le Japon et la Russie entretiennent des relations complexes depuis des décennies. Les deux pays n’ont pas signé de traité de paix après la Seconde Guerre mondiale en raison d’un différend sur quatre petites îles de l’archipel des Kouriles, situées à l’extrême nord japonais.
La Russie a brusquement annoncé, lundi 21 mars, qu’elle abandonnait les négociations de paix avec le Japon, jugeant « impossible de discuter […] avec un État qui occupe une position ouvertement inamicale et cherche à nuire aux intérêts » de Moscou.
Le pays a aussi annoncé mettre fin à une exemption de visa permettant à des Japonais de se rendre sur les îles disputées et se retirer des négociations sur l’activité économique conjointe des deux pays sur place.
Les îles volcaniques en question, situées entre la mer d’Okhotsk et l’océan Pacifique, sont appelées « Kouriles du Sud » par la Russie et « Territoires du Nord » par le Japon. Elles avaient été prises par l’armée soviétique en 1945 et n’ont jamais été restituées, depuis, à Tokyo.
Tokyo considère ces quatre îles, peuplées de 20 000 habitants, comme faisant « partie intégrante du territoire du Japon ».
RFI