Le Parlement marocain a unanimement rejeté, ce lundi 23 janvier, les accusations des députés européens qui ont voté, il y a quatre jours, une résolution appelant le Maroc à respecter la liberté d’expression et la liberté de la presse.
Dans cette résolution, le Parlement européen a également demandé la libération des trois journalistes emprisonnés, Omar Radi, Souleiman Raissouni et Taoufik Bouachrine et dénoncé aussi l’utilisation du logiciel d’espionnage Pegasus par Rabat.
Le Parlement marocain, réuni spécialement en séance plénière, ce lundi, a tenu à faire bloc derrière le royaume du Maroc, lançant un avertissement au Parlement européen.
Prises de paroles outrées et menaces de réévaluer des relations privilégiées… En un quart de siècle, jamais le Parlement marocain n’était monté autant au créneau face au Parlement européen. Affichant un front quasi uni, les parlementaires des deux Chambres marocaines ont dénoncé des accusations « fallacieuses », signe du choc vécu par Rabat, à la suite de la condamnation, par des eurodéputés, de cas de corruption à la suite des révélations sur le « Maroc Gate ».
« C’est à nous de mener ce combat »
Parmi les rares voix dissonantes, celle de Nabil Benabdallah, patron du parti de gauche, le Parti du progrès et du socialisme (PPS). Ce dernier dénonce des critiques européennes contre-productives, mais prône une troisième voix appelant à la libération des trois journalistes marocains mentionnés par Strasbourg
« Nous ne comprenons pas cette attitude du Parlement européen et la condamnons. Autant, nous considérons qu’il y a d’autres objectifs qui sont visés, eh bien autant, il s’agit de considérer que c’est à nous de mener ce combat. Il faut savoir plier intelligemment certains dossiers qui sont négatifs et il s’agit en particulier de ces journalistes »
La réaction officielle du Maroc s’est cantonnée au seul Parlement marocain, mais en coulisses, on ne cache pas que si l’Europe multiplie les condamnations comme celle de jeudi, Rabat pourrait ne pas se contenter d’une seule réévaluation de ses relations parlementaires, mais bien user, comme en 2021, de l’arme des migrants sur les enclaves de Ceuta et Melilla ou bien encore stopper sa coopération anti-terroriste pour faire pression sur l’Europe.