Netanyahu et Trump oublient leurs problèmes respectifs le temps d’une rencontre

Le Premier ministre israélien est à Washington. Il a rencontré lundi 5 mars 2018 le président américain, pour la première fois depuis que ce dernier a annoncé qu’il reconnaissait Jérusalem comme capitale d’Israël et qu’il allait y déplacer l’ambassade américaine. Accompagnés de leurs épouses, ils ont pu afficher leur excellente relation personnelle, évoquer l’Iran et la Palestine, et échapper ainsi un instant aux tourments politiques et judiciaires dans lesquels l’un et l’autre sont empêtrés.

Donald Trump inaugurera-t-il en personne l’ambassade américaine à Jérusalem, le 14 mai prochain ? Invité à ce faire, c’est possible, l’option sera étudiée, a-t-il assuré aux côtés d’un Benyamin Netanyahu tout sourire. Le symbole serait fort, tant sa décision de reconnaître la ville sainte comme capitale d’Israël avait suscité une levée de boucliers de la communauté internationale en décembre dernier.

Cependant, il ne s’agira en fait, dans un premier temps, que d’une réaffectation des locaux consulaires, précise notre correspondant à Washington, Grégoire Pourtier. Quant à un nouveau bâtiment, le doute subsiste, le président des Etats-Unis ayant confusément assuré que cela pourrait ne coûter que 250 000 dollars, quand les premiers devis tournaient plutôt autour du milliard, soit 4 000 fois plus.

Arrêter la République islamique d’Iran, « un défi commun »

MM. Trump et Netanyahu ont voulu faire front commun. Le président américain s’est voulu optimiste sur un potentiel plan de paix avec la Palestine dont on ne sait encore rien. Malgré les difficultés de Jared Kushner, son gendre désigné comme promoteur du projet, il a redit qu’il espérait toujours un règlement du conflit, mais en précisant qu’un nouvel échec serait de la responsabilité des Palestiniens.

Pour sa part, le Premier ministre israélien s’est posé comme un garant de la sécurité, insistant sur la menace que représente l’Iran à ses yeux. Il a martelé qu’arrêter Téhéran était « un défi commun », ravissant Donald Trump qui a fait de la République islamique l’un de ses ennemis privilégiés. « Nous devons arrêter ce pays qui chante « mort à Israël, mort à l’Amérique » », a-t-il déclaré.

L’avenir politique de Benyamin Netanyahu en question

Mais pour M. Netanyahu, cette rencontre avait aussi des visées de politique intérieure, précise notre correspondant à Jérusalem, Guilhem Delteil. Car il est affaibli. Sur le front judiciaire, il semble même de plus en plus cerné. Son ancien porte-parole est devenu, ce lundi, témoin à charge dans l’une des enquêtes le concernant. Si son entourage le réfute, cela ressemble à une mauvaise nouvelle.

Benyamin Netanyahu cherche une contre-attaque, car cet ex-proche collaborateur pourrait être en possession de documents qui entraîneraient une réouverture de deux autres dossiers judiciaire l’inquiétant. Et c’est de surcroît le moment choisi par les partis ultra-orthodoxes pour exiger une loi exemptant leurs électeurs du service militaire obligatoire. Un sujet qui menace simplement de faire exploser sa coalition.

L’avenir politique de celui qui est à la tête du gouvernement israélien depuis neuf ans apparaît donc menacé sur deux fronts. Il a besoin de mettre en avant sa stature d’homme d’Etat afin de rester le responsable politique le plus populaire de son pays. Dans la tourmente politique et judiciaire qui est la leur, la rencontre Trump-Netanyahu ressemblait ainsi à une respiration bienvenue pour chacun.

rfi